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Euh, bonjour tout le monde. Alors, aujourd'hui, j'avais envie de vous parler... d'un truc qui m'a pas mal interpellé, tu vois. En fait, c'est... c'est parti d'une audience, une sorte de... d'audition politique, quoi. Un truc virtuel, pendant la pandémie, tu vois le genre ? Tout le monde chez soi, devant sa bibliothèque... Bref, ils interrogeaient des témoins, des gens accusés d'avoir... d'avoir une responsabilité dans une crise, une épidémie, quoi. J'vais pas rentrer dans les détails pour l'instant, parce que ce qui m'a vraiment frappé, c'est le langage qu'ils utilisaient.
Il y avait une présidente, tu vois, qui posait des questions. Genre, à une des témoins, une dame d'un certain âge, bien habillée, l'air un peu... dépassée par les événements. La présidente lui demande, un peu cash: "Est-ce que vous vous excusez auprès du peuple américain... ?" Et la dame, elle répond un truc du genre, "Je serais ravie de m'excuser... j'pensais l'avoir fait au début de mes commentaires…" Mais bon, la présidente insiste, elle lui dit: "Non, c'est pas ça qu'on voulait. On veut que vous vous excusiez pour votre rôle dans la crise."
Et là , la dame commence à ... à se justifier, quoi. Elle dit qu'elle s'est posée la question pendant des années, qu'elle a cherché ce qu'elle aurait pu faire différemment, mais qu'en fait, ben, elle voit pas. Avec les infos qu'elle avait à l'époque, les rapports qu'elle recevait... Nan, elle aurait rien changé. C'est… c’est assez dingue quand même, non?
Après, ils interrogent un autre témoin, un jeune homme, le cousin de la dame en noir, bien mis, en costard. Et lui, il dit qu'il est d'accord avec sa cousine, quoi. En gros, personne n'avoue rien. On dirait qu'ils ont tous été briefés par une armée d'avocats, tu vois, pour se protéger. Mais il y a un truc qui se dégage de tout ça, c'est qu'ils n'ont pas l'air d'avoir vraiment conscience de leur responsabilité. Ou alors, ils ont lancé un truc qui leur a échappé, qui a pris des proportions qu'ils n'avaient pas imaginées.
Et puis, y'a un autre moment intéressant. Un des membres de la commission d'enquête demande à un troisième témoin si un dirigeant de l'entreprise a déjà fait de la prison à cause de ça. Et la réponse est non. Personne ne se sent responsable, et apparemment, personne ne les tient responsables non plus. Le politicien finit par dire que c'est facile d'être indigné par les agissements de l'entreprise, mais que le gouvernement qui autorise ce genre de comportement irresponsable, ben, il a aussi sa part de responsabilité.
Alors, le politicien se tourne vers le jeune homme, et lui pose la question: "Est-ce que, dans l'accord que vous avez passé avec le ministère de la Justice, vous avez dû admettre une faute, une responsabilité dans la crise ?" Et le jeune homme répond: "Non." Le politicien insiste: "Est-ce que vous avez été interrogé sur votre rôle dans ces événements ?" Et le jeune homme: "Non." Alors le politicien lui demande directement: "Est-ce que vous assumez une responsabilité quelconque dans la crise ?"
Et là , le jeune homme répond: "Bien que je pense que le dossier complet montrera que la famille et le conseil d'administration ont agi légalement et éthiquement, j'assume une profonde responsabilité morale, car je crois que notre produit... a été associé à des abus et à une addiction."
"A été associé." Ça y est. C'est là ! La voix passive. Tu vois ? C’est hyper révélateur, quoi.
Un autre politicien, il relève ça d'ailleurs. Il dit: "Vous utilisez la voix passive quand vous dites 'a été associé à des abus', ce qui implique que vous et votre famille n'étiez pas au courant de ce qui se passait." Bingo!
En fait, si tu écoutes les heures d'audition, c'est ce truc qui te reste en tête: la voix passive. C'est comme si les mots étaient choisis pour... pour diluer la responsabilité, pour ne pas dire les choses directement. C'est une façon de se défausser, de ne pas assumer.
Et c'est là que ça devient intéressant, tu vois. Parce que ça pose la question de comment les choses se propagent, comment les épidémies sociales se développent. Si un simple coup de pouce peut faire basculer le monde, alors celui qui sait où et quand donner ce coup de pouce a un pouvoir énorme. Et c'est quoi, leurs intentions ? Quelles techniques ils utilisent?
Alors, il faut qu'on parle de notre rôle dans la création des épidémies. Il faut qu'on soit honnêtes sur les façons subtiles, et parfois cachées, dont on essaie de les manipuler. On a besoin d'un guide pour comprendre les fièvres et les contagions qui nous entourent.