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Alors, parlons un peu de la valeur, hein? C'est un truc hyper intéressant, franchement. Il y a cette citation, je crois qu'on l'attribue souvent à Thomas Carlyle, mais apparemment elle vient d'Irving Fisher, qui dit que si tu apprends à un perroquet à dire "offre et demande", t'as un excellent économiste. C'est un peu cynique, non?
Et puis Oscar Wilde, lui, il disait qu'un cynique, c'est quelqu'un qui connaît le prix de tout, mais la valeur de rien. C'est profond, ça, hein? Ça fait réfléchir.
En fait, la base de l'économie, c'est cette notion de valeur ajoutée. Mais qu'est-ce qu'on entend par "valeur"? C'est ça la question, quoi! Les premiers économistes, Adam Smith, David Ricardo, Karl Marx, ils avaient une théorie de la valeur travail. Ils pensaient que la valeur d'un objet, c'était lié à la quantité de travail humain qu'il y avait derrière, direct et indirect. Tu vois, à l'époque où on fabriquait des épingles, c'était facile de voir qui faisait quoi dans l'usine, et donc d'estimer la valeur en fonction du travail fourni.
Mais bon, cette définition "objective" de la valeur, elle a ses limites. Un gars, Thomas Thwaites, il a passé un temps fou à essayer de fabriquer un grille-pain, mais le sien, il était moins bien que celui qu'on trouve dans le commerce. Alors, où est la valeur là-dedans? Et puis Sisyphus, avec son rocher, il bosse comme un dingue, mais son travail n'a aucune valeur parce que c'est complètement inutile.
Du coup, on a commencé à parler de valeur "subjective". Là, c'est l'utilité qui compte, la satisfaction du consommateur. La valeur, elle est dans la tête de celui qui utilise le truc, pas dans l'effort du producteur. C'est comme ça qu'on arrive au paradoxe de l'eau et des diamants d'Adam Smith: pourquoi les diamants, qui servent juste à décorer, coûtent tellement plus cher que l'eau, qui est indispensable à la vie?
Finalement, des économistes comme Stanley Jevons, Carl Menger et Léon Walras, ils ont trouvé une solution en prenant un peu des deux côtés. La valeur, elle est subjective, parce qu'elle ne peut pas dépasser le plaisir ou l'utilité que le consommateur retire du produit. Si personne ne veut d'un rocher en haut d'une colline, ben, le travail de Sisyphus, il vaut rien, même s'il y passe des heures. Mais le coût de production, lui, il compte aussi. Les diamants, c'est cher, pas seulement parce que c'est beau, mais aussi parce que c'est rare et que c'est difficile à extraire et à tailler. L'eau, on en gaspille des litres parce que c'est facile à trouver et à distribuer.
Et puis, il y a l'idée de la valeur marginale. L'eau, c'est super important, on en a besoin pour vivre, mais la dernière goutte qu'on utilise pour prendre une douche plus longue, elle a moins de valeur que la première. Si les diamants étaient aussi courants que l'eau, ils ne coûteraient rien, et on aurait des couteaux suisses avec des lames en diamant. Cette différence entre la valeur moyenne et la valeur marginale, c'est une idée clé de l'économie moderne.
Tout ça, ça ne parle pas de prix, ni de marchés, hein? Les diamants, la Joconde, le Grand Canyon, les appartements avec vue sur Central Park, ils ont de la valeur parce qu'ils sont à la fois désirables et rares. L'eau, elle est abondante, donc on n'y fait pas trop attention, alors que dans les régions arides, c'est une ressource précieuse. Dans toutes les sociétés, les objets de valeur finissent par être accaparés par ceux qui ont le pouvoir, que ce soit par l'argent, la politique ou la force.
Dans les sociétés démocratiques, on arrive à rendre accessible au public la Joconde ou le Grand Canyon, parce que même s'ils sont rares, beaucoup de gens peuvent en profiter sans trop gêner les autres. Mais un appartement, il ne peut être occupé que par une seule famille, et une bague en diamant, elle ne peut être portée que par une seule personne à la fois.
Ah, et puis il y a cette histoire du Salvator Mundi, le tableau de Léonard de Vinci qui a été vendu à un prix fou. Il y a plein de mystères autour de cette vente, des doutes sur l'attribution, des histoires d'oligarques russes et de princes saoudiens... Bref, le monde des riches, c'est un peu spécial, quoi!
On revient à cette idée de rareté. Léonard de Vinci, il ne fera plus de tableaux, et la Joconde, elle est bien gardée au Louvre. C'est cette rareté qui fait sa valeur. Mais pour le Salvator Mundi, c'est aussi la vanité des riches qui explique son prix exorbitant. On peut acheter une reproduction de la Joconde pour quelques euros, mais ça n'impressionnera personne. La valeur, elle vient du fait que c'est l'original, la chose rare que les autres ne peuvent pas avoir. C'est ce que l'économiste Fred Hirsch appelait les "biens positionnels".
En résumé, la valeur, c'est le résultat de l'interaction entre l'offre et la demande, entre le coût de production et l'utilité. C'est ça, la base de l'économie moderne.
Bon, il y a des philosophes qui critiquent un peu cette vision, en disant que ça dénature certaines relations sociales. On n'aime pas trop l'idée de la prostitution, ou du don d'organes payant. Mais ça ne remet pas en question l'idée que la valeur, c'est un mélange d'utilité et de coût.
Et puis, il y a le marché, hein? La volonté de payer, c'est un mélange de besoin et de capacité à payer. Un pauvre peut avoir très envie de pain, mais il n'a pas les moyens de l'acheter. A l'inverse, quelqu'un de très riche peut dépenser des sommes folles pour un tableau, même s'il n'est pas un grand connaisseur d'art.
Dans une économie de marché, le prix, c'est une information sur les valeurs et les coûts. Quand on est petit, on veut tout. En grandissant, on comprend qu'on a un budget limité, et que si on veut quelque chose, il faut renoncer à autre chose. L'avantage d'un marché concurrentiel, c'est qu'il incite les gens à dire la vérité, à révéler honnêtement ce qu'ils veulent et ce qu'ils sont prêts à payer. Si le prix d'un truc est inférieur à sa valeur pour nous, on l'achète. Si le coût de production est inférieur au prix du marché, on le fabrique.
Mais bon, quand il y a peu d'acheteurs et de vendeurs, c'est plus compliqué. On se met à marchander, comme quand on achète une maison ou une voiture d'occasion. Mais en général, si tout le monde y gagne, on finit par trouver un accord.
Et puis, il y a des secteurs où les prix ne reflètent pas vraiment la valeur. Dans l'industrie pharmaceutique, par exemple, c'est souvent l'assurance ou le système de santé qui paie, pas le patient directement. C'est déjà une grosse différence avec les autres produits de consommation.
On voit des médicaments très chers pour traiter des maladies chroniques, comme l'obésité, alors que les antibiotiques, qui peuvent guérir des infections en quelques jours, sont moins rentables. Il y a aussi les "médicaments orphelins", pour les maladies rares, comme l'hépatite C. Le SOVALDI, par exemple, coûte une fortune, mais il sauve des vies. Alors, quel est le juste prix? C'est une question compliquée.
En conclusion, les prix et les marchés sont importants pour connaître les valeurs et les coûts, mais il ne faut pas en faire un fétiche. Tout ce qui a de la valeur n'a pas forcément un prix. Et tout ce qui a un prix n'est pas forcément précieux. Il y a des choses qu'on achète par ignorance, ou parce qu'on se fait arnaquer. Et puis, il y a des gens qui détruisent la valeur sans en payer le prix, comme ceux qui polluent l'environnement.
Les marchés, c'est bien, mais il faut garder un esprit critique. On a le droit de faire des choix politiques sur l'environnement culturel et les valeurs qu'on défend. Il n'y a pas que la consommation dans la vie. Et il ne faut pas oublier les expériences désastreuses des pays où l'État contrôlait tout, comme en Chine avec Mao Zedong, ou en URSS avec Staline.