Chapter Content
Alors, euh, parlons un peu de... comment dire... de votre "personnalité d'engrenage", si on peut dire ça comme ça. Vous voyez, cette façon dont vous passez d'une vitesse à l'autre. C'est pas pareil pour tout le monde, hein! Y'en a, un petit coup de pouce, et hop, ils passent à la vitesse supérieure direct. D'autres, faut vraiment les secouer pour qu'ils bougent. Et puis, la plupart, ben... ils sont entre les deux, quoi.
Et c'est ça qui explique pourquoi on a tous des seuils de tolérance à l'incertitude différents, pourquoi certains ont du mal à se concentrer, à être "dans la zone", alors que d'autres, ben... l'environnement, ça les affecte pas pareil. Y'en a qui deviennent hyper nerveux, d'autres, ça les ennuie carrément.
On le voit bien, hein, sur les marchés financiers. D'un côté, t'as les traders, hyper sereins, qui fixent leurs écrans avec ces chiffres rouges et verts qui défilent à toute vitesse. De l'autre, t'as les matheux, super prudents, qui se demandent s'il y a pas une micro-erreur dans un algorithme, même si c'est à la dixième décimale... Bon, les deux sont peut-être en "vitesse 2", mais ils ont pas besoin du même niveau de stimulation pour y arriver, quoi.
Donc, pour bien gérer vos "vitesses", c'est bien de savoir où vous vous situez sur cette échelle. Vous préférez les environnements stimulants ou calmes? Vous bossez mieux sous pression ou pas du tout? Est-ce que les petits détails vous stressent plus que la moyenne?
En général, on est instinctivement attiré par les environnements qui correspondent à notre "personnalité d'engrenage". Sauf, bien sûr, si y'a d'autres facteurs qui interviennent. Combien de médecins commencent avec de belles intentions, combien d'entrepreneurs veulent changer le monde, et puis, au final, ils se rendent compte que... ben, c'est pas fait pour eux, quoi. Y'a un décalage entre le job et leur "personnalité d'engrenage". Donc, en comprenant ça, vous pouvez plus facilement identifier les environnements où vous allez vraiment pouvoir vous épanouir.
Imaginez quelqu'un avec une "personnalité d'engrenage" plutôt... "dure", on va dire. Quelqu'un qui aime la pression, qui a besoin de deadlines pour se motiver, qui se sent boosté par les défis. Ben, lui, il a besoin de plus d'élan pour passer en "vitesse 2" et il risque de redescendre en "vitesse 1" assez vite.
J'ai un ami, PNC, il est trader, super doué, dans une grande banque d'affaires. Il manipule des millions de dollars, il prend des décisions importantes toute la journée, mais il est tellement zen au boulot qu'il lui arrive de faire une petite sieste après le déjeuner! Un jour, il m'a dit qu'il voulait se mettre au yoga. La plupart des gens, ça leur prend des années pour maîtriser les postures. Lui, il s'est mis au défi de tenir sur la tête sans appui en quelques jours. Il m'a expliqué qu'il aimait pas le danger en soi, mais le fait d'avoir le contrôle pour l'éviter. Comme il a un seuil de tolérance à l'incertitude plus élevé que la moyenne, ben... il ressent rarement le besoin d'exercer ce contrôle dans des situations normales. Il a besoin d'environnements très incertains, comme une salle de marché en pleine effervescence, ou... descendre le Mont Fuji à ski dans des conditions de sécurité douteuses, pour vraiment s'épanouir. La plupart des gens trouveraient ça hyper angoissant, mais lui, ça lui donne juste le niveau de défi qu'il faut pour pouvoir exercer son contrôle.
Et puis, y'a un cas particulier, c'est le TDAH, le trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité. Certains chercheurs pensent que certains adultes atteints de TDAH ont du mal à sortir de la "vitesse 1" et à passer en "vitesse 2". Du coup, l'"hyperactivité", la "recherche de sensations fortes", la "prise de risques", ce serait en fait des tentatives pour... ben, pour monter en vitesse! Ils ont besoin de plus de stimulation, de plus d'incertitude pour se motiver. Et une fois qu'ils sont en "vitesse 2", leur concentration est optimale, souvent même meilleure que celle des autres.
Des études ont montré que la présence du TDAH dans une population pouvait aider à survivre aux changements et aux défis. Les personnes atteintes de TDAH, c'étaient les preneurs de risques, ils exploraient l'inconnu, ils avaient soif de savoir. Ils perdaient pas de temps à analyser les décisions dans les moments critiques. Si tout le monde avait ces traits de caractère, la population entière serait exposée au risque en permanence. Mais si c'était juste une minorité, ces individus pouvaient protéger le reste de la population sans mettre tout le monde en danger. Alors, même si le TDAH peut être un handicap dans notre monde moderne, très structuré, il peut aussi renforcer la survie de l'espèce humaine en cas de catastrophe.
Beaucoup de personnes qui réussissent et qui ont un TDAH apprennent à identifier et à éviter les activités qui les ennuient et les distraient. Et au lieu de ça, ils cherchent ce qui les intéresse et les inspire vraiment, pour pouvoir exceller. Le champion de rugby James Haskell, par exemple, il parle de son TDAH comme d'un "super pouvoir" qui l'a guidé vers le rugby. Il dit que c'est grâce à ça qu'il a réussi à devenir un athlète exceptionnel. D'autres personnalités connues, qu'on pense atteintes de TDAH ou qui l'ont déclaré, c'est Léonard de Vinci, Richard Branson, Jamie Oliver, Michael Phelps...
Et puis, à l'opposé, t'as les "personnalités d'engrenage" plutôt... "sensibles", "nerveuses", on va dire. Pour ceux-là, la "vitesse" monte très vite, même avec une petite stimulation. Et ils ont du mal à redescendre. Ils réagissent à un chuchotement comme à un cri, à un SMS comme à une alarme incendie. Et une fois que la "vitesse" est montée, c'est dur de la faire redescendre. Ils se sentent plus à l'aise dans des environnements calmes, avec moins de stimulation.
Faut savoir que votre "personnalité d'engrenage", ça peut changer avec le temps, avec vos expériences. Un soldat qui revient du front, par exemple, il aura peut-être besoin d'un niveau de stimulation plus élevé pendant un certain temps pour se sentir bien. Quelqu'un qui vient d'un petit village peut se sentir submergé par le bruit et l'agitation d'une grande ville au début, avant de s'y habituer. Comme disait le psychologue Daniel E. Berlyne, "la quantité d'excitation... et de changements que peut tolérer un chauffeur de taxi new-yorkais et un fermier balinais... une souris des villes et une souris des champs... sera forcément différente".
Ces changements de "personnalité d'engrenage" peuvent parfois être insidieux. Plus on s'habitue à être constamment sollicité par des stimuli qui attirent notre attention, plus on devient dépendant de ces stimuli pour... ben, pour se motiver. On perd la capacité de le faire par nous-mêmes. C'est peut-être ça qui explique pourquoi certaines études ont associé le temps passé devant les écrans à l'âge de 18 ans et le diagnostic de TDAH à l'âge de 22 ans.
Heureusement, le problème contient la solution. Si votre "personnalité d'engrenage" peut changer dans un sens, elle peut aussi changer dans l'autre. Vous pouvez apprendre à mieux contrôler vos "vitesses" et à monter en "vitesse 2" simplement en vous entraînant à... à faire attention. La méditation de pleine conscience est utilisée depuis longtemps pour améliorer la concentration. Et aujourd'hui, avec le numérique, y'a plein d'applications pour ça. Une étude a montré qu'utiliser une application de méditation de pleine conscience améliorait la capacité des participants à se concentrer, et donc à passer en "vitesse 2", en seulement six semaines.
Une fois que vous avez identifié votre "personnalité d'engrenage", c'est intéressant de regarder un autre facteur: vos "accélérateurs" personnels. Qu'est-ce qui vous énerve particulièrement? Qu'est-ce qui vous fait peur? Qu'est-ce qui vous tape le plus sur les nerfs? Les réponses à ces questions vont vous aider à identifier les éléments déclencheurs qui font monter votre "vitesse" de façon excessive.
Par exemple, quand BK était petit, il avait du mal à se concentrer à l'école. Il dérangeait les autres élèves, il refusait d'apprendre, il jouait à son bureau, il énervait le prof. Quand le prof s'est plaint à ses parents, il a changé de tactique. Il faisait semblant d'écouter, il restait assis sagement, mais en fait, il laissait son esprit vagabonder dans des aventures imaginaires. Ses notes ont continué à chuter. Un soir, son père lui a donné un livre pour des enfants plus grands. Et là, d'un coup, BK, qui n'arrivait jamais à rester tranquille, s'est plongé dans le livre, il est resté concentré pendant plus d'une heure. Les profs de BK se sont adaptés, ils lui ont donné des défis à sa hauteur. Et BK a fini le lycée parmi les meilleurs élèves de son établissement. Il avait besoin d'un défi important pour monter en "vitesse", mais une fois qu'il était en "vitesse 2", ses performances étaient exceptionnelles. C'était pareil dans d'autres domaines de sa vie. Il a pas eu peur quand il s'est retrouvé face à un cambrioleur armé, et il était super excité quand il a nagé avec des requins pour la première fois. On pourrait penser que BK a une "personnalité d'engrenage" plutôt "dure". Mais y'a un truc. BK pouvait passer du mec le plus calme du monde au mec le plus angoissé s'il devait prendre un train ou respecter une deadline. Ses "vitesses" devenaient hyper-sensibles face à un "accélérateur" personnel: le fait de devoir respecter un délai.
Aujourd'hui, BK travaille dans une entreprise d'informatique et il excelle dans son travail. Au début de sa carrière, il s'est rendu compte que les tâches qui lui donnaient un sentiment de contrôle, comme organiser et ranger, étaient un remède contre l'angoisse des délais. Alors il s'est plongé à fond dans ces activités, même si ça lui ajoutait du travail. Et puis, plus il a gagné en responsabilités, moins il a eu de deadlines. Et là, il s'est vraiment épanoui. Maintenant, il est considéré comme l'un des meilleurs leaders de son entreprise.
On a tous un câblage différent, une partie innée, une partie acquise. C'est ça qui influence notre façon de réagir au monde. Quelqu'un qui adore faire du ski sur des pistes noires peut avoir une peur bleue de monter à cheval parce qu'il est tombé quand il était petit. Quelqu'un qui est facilement distrait par ses propres pensées peut être insensible aux distractions d'un bureau bruyant.
Si on était tous nés avec la même "personnalité d'engrenage", on aurait disparu depuis longtemps. La préférence des humains pour les métiers à risque et les métiers calmes nous a permis de maîtriser toutes sortes de défis, ce qui a contribué à notre survie et au développement de la civilisation. Le calme imperturbable face à un danger mortel a permis de vaincre les prédateurs dans les savanes d'Afrique, et la satisfaction d'une vie plus tranquille a nourri l'envie de cultiver un arbuste banal. Plus récemment, le besoin d'aventure et d'excitation a poussé les gens à explorer l'inconnu, et la préférence pour la contemplation silencieuse a permis de découvrir des lois et des théorèmes mathématiques.
Il est possible qu'avec les changements du monde, les personnes ayant des "personnalités d'engrenage" différentes s'adaptent de différentes manières. Certains s'épanouiront dans un monde d'accélération, d'incertitude et de surcharge d'informations. Mais pour d'autres, ce monde pourrait être un défi insurmontable.
Alors, comment faire pour évaluer votre "personnalité d'engrenage"? Y'a un petit test simple, c'est de voir comment vous réagissez quand vous êtes allongé dans une pièce sombre et silencieuse, les yeux fermés, pendant 20 minutes, soit en fin de matinée, soit en fin d'après-midi. Faut pas être fatigué, ni avoir bu de café avant.
Si vous vous endormez très vite, avant la fin des 20 minutes, votre "personnalité d'engrenage" est probablement plutôt "dure".
Si vous êtes pas plus fatigué à la fin des 20 minutes qu'au début, votre "personnalité d'engrenage" est peut-être plutôt "sensible". Beaucoup de personnes insomniaques restent en "vitesse" élevée tout le temps. Quand ils font ce test, ils restent hyper alertes.
Et la plupart des gens se sentiront somnolents au bout de 20 minutes. Si c'est votre cas, votre "personnalité d'engrenage" se situe quelque part entre les deux extrêmes.
Le mieux, c'est de faire ce test plusieurs fois sur plusieurs jours pour éviter que des facteurs extérieurs n'influencent le résultat. Voilà, voilà!