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Calculating...

Euh... Bonjour à toutes et à tous. Alors, aujourd'hui, j'avais envie de vous parler d'un truc qui me trotte dans la tête depuis un moment, quelque chose d'assez fondamental en fait. C'est à propos de nous, en tant qu'êtres humains, et de notre besoin viscéral de connexion sociale.

Vous voyez, j'ai lu récemment une histoire fascinante sur Margaret Mead, l'anthropologue américaine. On lui avait demandé quel était, selon elle, le premier signe de civilisation humaine. Et figurez-vous que la réponse n'était pas une invention technologique ou une œuvre d'art... Non, non. Elle a dit que c'était un fémur cassé qui avait guéri. Un fémur... l'os de la cuisse, quoi.

Pourquoi un fémur ? Eh bien, c'est un os crucial pour la mobilité, surtout pour nos ancêtres dans la nature. Une fracture du fémur, c'était souvent synonyme de mort. Mais un fémur qui a guéri, ça voulait dire que quelqu'un s'était occupé de la personne blessée, qu'on ne l'avait pas laissée pour compte. Ça sous-entendait une volonté de prendre soin les uns des autres, un changement dans la mentalité de survie immédiate. C'est ça, pour elle, le début de la civilisation. Bon, l'anecdote est peut-être un peu romancée, mais l'idée est forte, non ?

En fait, toute l'histoire de l'humanité est jalonnée d'exemples qui montrent à quel point la connexion sociale est liée au progrès, à la culture, au bonheur. Nos ancêtres, avec des cerveaux de taille similaire aux nôtres, vivaient déjà en groupe, ils avaient des divisions du travail, des lieux de rassemblement. Ils enterraient peut-être même leurs morts. Pensez aux chasseurs-cueilleurs : ils devaient communiquer et coopérer pour chasser le gros gibier. Imaginez la coordination nécessaire pour abattre un mammouth laineux de dix tonnes ! C'est incroyable, quand on y pense.

Et puis, il y a les villes antiques, avec leurs places publiques, leurs forums, leurs agoras, où les gens se réunissaient pour discuter de politique, pour socialiser, pour les activités culturelles. Le langage, oral puis écrit, s'est développé pour partager des informations, des connaissances... Bref, on est vraiment des animaux sociaux.

Au départ, la connexion sociale, c'était une question de survie. On partageait les ressources, on s'entraidait. Mais c'est devenu bien plus que ça. C'est devenu une ressource stratégique, avec le langage qui a permis de créer des réseaux humains plus vastes. Bon, après, il y a aussi eu les guerres, les conflits... L'appartenance à un groupe social a souvent été source de problèmes. On est une espèce complexe, hein ? La même connexion sociale qui permet l'amour et la coopération peut aussi engendrer la haine et la violence.

Il y a un anthropologue, Robin Dunbar, qui est connu pour avoir déterminé le nombre de relations sociales stables qu'une personne peut maintenir. C'est le fameux "nombre de Dunbar", environ 150 personnes. Il a aussi découvert que la taille du cerveau, chez les différentes espèces, est liée à la taille du groupe social typique. Et le cerveau humain est particulièrement gros par rapport à la taille du corps. Pour lui, c'est parce que nous sommes une espèce très sociale. Donc, en gros, on est social parce qu'on est humain, et on est humain parce qu'on est social. C'est un peu le serpent qui se mord la queue, mais c'est ça.

D'ailleurs, il y a une étude super intéressante, l'étude de Harvard sur le développement adulte. Elle a commencé en 1938 et elle continue encore aujourd'hui ! Ils ont suivi la vie de deux groupes d'hommes, des étudiants de Harvard et des jeunes issus de familles défavorisées. Et ce qu'ils ont découvert, c'est que les relations sociales sont cruciales pour la santé et le bonheur.

Un des directeurs de l'étude l'a dit de façon très claire : "La clé d'un vieillissement en bonne santé, c'est les relations, les relations, les relations." Les relations fortes et saines sont le meilleur indicateur de satisfaction dans la vie, bien plus que la classe sociale, la richesse, la célébrité, le QI ou la génétique. Et ce qui est encore plus important, c'est que la satisfaction dans les relations a un impact direct sur la santé physique. C'est fou, non ?

Être seul, c'est même pire pour la santé que de fumer ou de boire régulièrement. Il faut prendre soin de son corps, bien sûr, mais il faut aussi prendre soin de ses relations. C'est une forme d'auto-soin.

Les chercheurs de l'étude de Harvard posent toujours cette question aux participants : "Qui pourriez-vous appeler au milieu de la nuit si vous étiez malade ou effrayé ?" Les réponses vont d'une longue liste de noms à "personne". Et ça donne une idée du niveau de solitude de la personne. Ceux qui répondent "personne" se sentent seuls, ils ont l'impression que personne ne les soutient, et ça finit par nuire à leur santé.

Et justement, parlons de la solitude. Il y a une véritable épidémie de solitude qui sévit actuellement. Ma grand-mère, par exemple, était une personne très sociable, elle adorait être entourée de ses amis, de sa famille. Mais pendant la pandémie, avec les confinements, elle s'est retrouvée isolée. Elle n'a jamais eu le COVID, mais sa santé et ses facultés cognitives se sont détériorées. Quand j'ai pu la revoir, elle était presque catatonique. Mais dès le deuxième jour, elle était de nouveau pleine de vie, elle parlait, elle jouait au Scrabble. La connexion sociale, la chaleur humaine, c'était le meilleur remède pour elle.

Aux États-Unis, le ministre de la Santé a même publié un rapport sur "l'épidémie de solitude et d'isolement". On est hyperconnectés, avec internet et les réseaux sociaux, mais ça nous éloigne des interactions humaines en face à face. On passe de plus en plus de temps seul, et ça favorise la solitude. On assiste à une véritable "récession de l'amitié". Les jeunes passent beaucoup moins de temps avec leurs amis qu'avant. Et c'est particulièrement grave chez les hommes, qui sont de plus en plus nombreux à se dire qu'ils n'ont pas d'amis proches. C'est vraiment inquiétant.

Ma grand-mère est décédée. Je pense qu'elle a été victime de cette épidémie de solitude. Les technologies qu'on a créées se retournent contre nous, un peu comme un cheval de Troie. Et dans une culture où on valorise l'optimisation financière à tout prix, on prend des décisions qui aggravent le problème.

Dans un sondage, un tiers des Américains qui ont déménagé récemment regrettent leur décision, surtout parce qu'ils ont quitté leurs amis et leur famille. On parle même de "Grande Regret" pour ceux qui ont changé de travail pendant la pandémie. Ils regrettent d'avoir quitté leurs anciens collègues, le lien social était plus important que le salaire ou la flexibilité.

Si on ne mesure pas et qu'on ne valorise pas notre "capital social", on risque de prendre de mauvaises décisions. À quoi ça sert d'optimiser ses finances si on est seul ? Combien de personnes ont déménagé pour payer moins d'impôts et se rendent compte qu'elles ne se sentent pas chez elles sans leurs proches ? Combien de personnes ont voyagé à travers le monde et se rendent compte que c'est moins intéressant quand on est seul ? Combien de personnes ont accepté des emplois mieux payés dans d'autres villes et se retrouvent malheureuses sans leur réseau social ?

Un ami avait une vie sociale épanouie à New York, mais il a décidé de déménager pour payer moins d'impôts. Au bout de six mois, il s'est rendu compte qu'il avait fait une erreur : il économisait de l'argent, mais il avait négligé l'importance de ses relations sociales. Alors, il est revenu à New York et il a accepté de payer plus d'impôts. C'était un bon choix, à mon avis.

L'isolement social qui suit un déménagement à l'étranger est un thème récurrent sur les forums en ligne. Les gens regrettent d'avoir quitté leur famille et leurs amis.

Tout ça nous ramène à une réalité fondamentale : on peut ignorer l'importance du capital social, mais on le fait à nos risques et périls. Rien n'a amélioré notre qualité de vie plus que de vivre près de notre famille et de nos amis proches. La proximité des gens qu'on aime vaut plus que n'importe quel salaire. On a besoin de manger, de boire et d'avoir un toit pour survivre, mais c'est la connexion humaine qui nous permet de nous épanouir. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. À bientôt !

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