Chapter Content
Alors, euh... où est-ce que j'en étais ? Ah oui ! L'Éveil. C'est un peu comme ça que je vois les choses. Il y a cette citation de Shakespeare, dans Hamlet, qui dit : "Il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre, Horatio, qu'il n'en est rêvé dans ta philosophie." Et... c'est tellement vrai.
Pendant mes études en sciences à Cornell, j'ai appris des trucs absolument dingues. Genre que les trous noirs, c'est comme les Bermudes de l'espace, un truc qui aspire tout et où tout disparaît. J'ai appris que les particules virtuelles, c'est des fantômes subatomiques, qui existent... enfin, qui existent pas vraiment. C'est compliqué, hein ? Et puis, j'ai appris que l'espace et le temps, c'est élastique ! Ça se dilate, ça se contracte, un peu comme des super-héros...
J'ai découvert que les galaxies, elles sont pas réparties au hasard, non, non. Elles forment un motif en trois dimensions, super élégant. Et que l'univers, il est en expansion totale, un truc de fou ! Du coup, tout ce qu'il contient, la masse, l'énergie, l'espace, le temps, c'est... c'est le résultat d'une explosion cosmique géante. Et le plus dingue, c'est que 95% de l'univers "observable", on le voit pas ! Et au-delà, il y a un univers qu'on ne peut absolument pas observer. Waouh, hein ?
Tout ça... ça m'a coupé le souffle, vraiment.
Et très vite, j'ai commencé à me poser une question simple, mais profonde : comment cet univers incroyable, et surtout invisible, est-il devenu si... incroyable et invisible ?
Mes domaines d'expertise, la physique, l'astronomie et les maths, m'ont donné une réponse : l'univers a été créé accidentellement, suite à une perturbation aléatoire dans le vide quantique. Alors, le vide quantique, on dit que c'est vide, mais en fait, c'est plein de champs de force invisibles, qui peuvent, à tout moment et sans prévenir, faire apparaître des particules atomiques bien réelles. Imaginez des cordes de guitare invisibles, qui vibrent et produisent un son quand on les pince assez fort.
En gros, la science nous dit qu'à un moment donné, quelqu'un ou quelque chose a pincé ces champs de force invisibles dans le vide quantique, et bam ! La musique s'est mise à jouer, et ça a créé un univers physique immense.
Bon, cette hypothèse, elle est... intrigante, je l'admets. Mais elle m'obligeait à croire en un paradoxe hallucinant : le vide quantique, c'est absolument rien, c'est pour ça qu'on l'appelle un vide. Mais en même temps, ça a le potentiel de devenir absolument tout. Un peu comme une matrice, à la fois stérile et fertile.
Si cette idée paradoxale vous semble surnaturelle, eh bien, c'est le cas. Mais c'est basé sur la physique quantique, un truc hyper important de la physique moderne. Donc, même si ça a un côté mystique, nous, les scientifiques, on prend ça très au sérieux.
On a même une façon compliquée de décrire la nature contradictoire du vide quantique. On dit que le néant est instable. Selon cette hypothèse, si on attend assez longtemps, le néant va forcément devenir quelque chose, même un univers entier.
Et, pour la beauté du geste, on a donné un nom scientifique à cette idée : le modèle standard de la cosmologie. On l'appelle aussi le modèle standard de la cosmologie du Big Bang, ou encore (pour des raisons techniques que je ne vais pas détailler ici) le modèle Lambda-CDM.
Pendant longtemps, comme un bon scientifique, j'ai suivi le mouvement. Oui, je me disais, le modèle standard de la cosmologie répond parfaitement à la question : comment cet univers incroyable et invisible est-il devenu si... incroyable et invisible ?
Encore aujourd'hui, je souligne que le modèle standard de la cosmologie est étayé par des preuves physiques convaincantes et par des équations que je trouve magnifiques...
Mais j'ai fini par me rendre compte que le modèle standard de la cosmologie avait de sérieux problèmes, et que ces problèmes n'avaient fait qu'empirer depuis mes études. En fait, la cosmologie est en crise aujourd'hui.
Je vais vous expliquer.
En gros, le modèle standard de la cosmologie, c'est le mariage de deux grandes réussites intellectuelles : la relativité générale et la physique quantique.
La relativité générale, c'est notre meilleure explication scientifique de la force gravitationnelle et de tous les objets cosmiques qu'elle manipule : les planètes, les étoiles, les systèmes solaires, les galaxies, les amas de galaxies, les quasars, les pulsars, les trous noirs...
La physique quantique, c'est la meilleure explication scientifique des trois autres forces connues, l'électromagnétisme, la force faible et la force forte, et de tous les objets atomiques et nucléaires qu'elles manipulent : les éléments chimiques, les électrons, les protons, les neutrons, les quarks, les gluons...
Alors, la crise, c'est quoi ?
Eh bien, les deux équations, et les deux théories elles-mêmes, la relativité générale et la physique quantique, sont fondamentalement incompatibles. Elles sont comme le feu et l'eau. Ce qui veut dire que leur mariage au sein du modèle standard de la cosmologie, c'est une catastrophe. Une illusion, en fait.
Je vais vous donner une autre image.
Imaginez qu'on creuse un tunnel sous la Manche, le tunnel sous la Manche. Des ingénieurs anglais et français ont creusé le tunnel à partir des deux extrémités. Il a fallu une planification méticuleuse, de l'ingéniosité, et l'utilisation de la technologie GPS pour que les deux efforts se rejoignent parfaitement au milieu.
La crise en cosmologie, c'est que les deux moitiés du modèle standard de la cosmologie, la relativité générale et la physique quantique, ne se rejoignent pas. C'est comme si on avait deux énormes machines à creuser, qui creusent à partir des deux extrémités de l'univers : le cosmique et le nucléaire. Chaque machine est super efficace dans ce qu'elle fait, mais il y a une déconnexion catastrophique entre leurs efforts.
Depuis des décennies, on cherche des moyens d'unifier et d'harmoniser ce mariage dysfonctionnel entre la relativité générale et la physique quantique. On propose des thérapies, comme les théories des cordes, qui disent que les pixels de l'espace-temps ne sont pas des points en quatre dimensions, comme le voit la relativité générale, mais des cordes avec beaucoup de dimensions.
Cette idée, je la trouve fascinante. Elle semble résoudre le problème entre la relativité générale et la physique quantique. Et elle mène à la possibilité étonnante que notre univers ne soit qu'un univers parmi une infinité d'univers. On reparlera de cette hypothèse du multivers plus tard.
Malheureusement, les théories des cordes ont leurs propres problèmes énormes. Donc, même si elles ont le potentiel de résoudre la crise actuelle en cosmologie, elles aggravent les choses d'une certaine façon.
Pendant mes études, je me suis penché sur ces problèmes troublants, avec toute leur splendeur mathématique et technique. J'ai essayé de rester fidèle au modèle standard de la cosmologie. Mais finalement, ses sérieux problèmes m'ont rebuté.
Du coup, j'ai dû faire un choix : existait-il une autre théorie qui expliquait mieux l'origine de l'univers ? Il y en avait (et il y en a encore) beaucoup, mais chacune avait ses propres problèmes non résolus.
C'est à cette époque que l'astronome Carl Sagan est devenu très célèbre. Il passait à la télé régulièrement. Il créait le buzz avec sa recherche d'intelligence extraterrestre et son projet d'animer une grande série télévisée.
J'avais connu Carl, j'avais même suivi ses cours. Et j'avais remarqué sa fascination pour un truc qu'il appelait les Védas. Il en parlait tout le temps.
Un jour, parce que j'admirais Carl et que j'étais intrigué par sa célébrité, et aussi parce que j'étais curieux, j'ai décidé de découvrir ce que c'étaient ces Védas.
J'ai appris que les Védas, c'était la littérature sacrée de l'hindouisme, la plus ancienne religion du monde. Et là, j'ai plongé dans l'hindouisme.
Et j'ai découvert les romans d'Hermann Hesse... Et je me suis identifié aux personnages de Hesse, ces intellectuels torturés, en quête de réponses aux questions les plus profondes de la vie. C'était moi, ça !
Dans les années qui ont suivi, j'ai exploré d'autres systèmes de croyances métaphysiques : le bouddhisme, le mysticisme chinois, l'islam, etc. Et puis comme mon professeur était juif, je me suis plongé dans le judaïsme.
Et en parallèle de ma quête spirituelle, j'ai appris à aimer le foie de volaille haché. Tous les vendredis, j'allais à la synagogue avec Richard, et ensuite, on allait chez lui pour manger un truc.
Un soir, il m'a proposé du foie de volaille haché. J'ai refusé, poliment. Quand j'étais petit, ma mère m'en avait gavé pour me faire grossir. Ça n'avait pas marché, et j'avais fini par détester ça.
Mais Richard insistait, semaine après semaine.
"C'est la recette de ma mère", disait-il. "Goûte, je te garantis que tu vas aimer."
Et un vendredi soir, j'ai cédé. J'ai goûté un peu de foie sur un cracker, et... miracle ! J'ai adoré ça.
À un moment donné, j'ai aussi exploré la méditation transcendantale. Un gourou disait que les pratiquants sincères pouvaient léviter.
Imaginez défier la loi de la gravité ! En tant que scientifique, j'étais bluffé.
Malheureusement, ça n'a jamais marché pour moi. Mais l'expérience était fascinante.
Un soir, au milieu de ce périple, j'étais rentré à ma chambre. Et là, j'ai vu une enveloppe blanche, avec mon nom dessus, glissée sous la porte. C'était une carte de Saint-Valentin, signée Laurel. Ma première pensée a été : je ne savais pas que c'était la Saint-Valentin.
Laurel était une étudiante qui avait suivi mon cours de physique. Elle m'avait marqué parce qu'elle posait toujours des questions intelligentes. Et en plus, elle était grande, belle, avec de grands yeux marron.
Laurel travaillait pour une association que j'avais fondée.
Mais recevoir une carte de Saint-Valentin de sa part, ça me déconcertait. Elle était populaire, et moi, j'étais un geek solitaire.
Je l'ai remerciée, et à partir de là, j'ai changé mes habitudes. Laurel habitait avec d'autres étudiantes dans une maison. Le soir, je montais sur le toit avec elle, on s'asseyait sous les étoiles, et on parlait jusqu'au petit matin.
Quand je lui ai demandé pourquoi elle m'avait envoyé une carte de Saint-Valentin, elle m'a donné plusieurs raisons. Elle était intriguée par moi. Elle disait que mon comportement, mon changement de physique expérimentale à théorique, ma thèse révolutionnaire, avaient fait de moi une sorte de légende sur le campus. J'étais le Fantôme de l'Opéra de Cornell, en quelque sorte.
Et puis, elle avait senti chez moi "une spiritualité latente". Elle trouvait mon exploration des religions du monde fascinante. Elle était elle-même en quête de sens dans la vie.
Elle avait grandi dans la religion catholique, mais tout avait changé quand ses parents avaient divorcé. Elle avait suivi sa mère dans le mysticisme new-age.
Elle avait commencé à assister à des retraites new-age, où elle avait appris le yoga, les lectures d'aura, les chakras, le pouvoir des cristaux, les vies antérieures, la nécromancie...
Elle m'a demandé ce que je pensais du christianisme. Je lui ai parlé de mon éducation pentecôtiste.
"As-tu déjà lu la Bible ?", m'a-t-elle dit.
"Non."
Je connaissais déjà les enseignements de base de la Bible. Et puis, je pensais que les gens qui croyaient à la Bible détestaient la science. Et ça, c'était un repoussoir pour moi.
Laurel ne m'a pas contredit, mais un jour, elle m'a dit : "Moi non plus, je n'ai jamais lu la Bible. Si tu la lis, je la lirai avec toi."
C'était une offre que je ne pouvais pas refuser. Pas parce que j'avais envie de relire un livre que je pensais connaître, mais parce que je voulais passer plus de temps avec Laurel.
Je ne savais pas que cette expérience allait changer ma vie à jamais.
Pendant deux ans, Laurel et moi, on a lu la Bible de A à Z.
On lisait surtout le dimanche. On se retrouvait chez Laurel, ou dans un endroit tranquille.
Ça nous a pris deux ans parce qu'on décortiquait chaque mot, chaque phrase, chaque verset, chaque chapitre, chaque livre, de la Genèse à l'Apocalypse. Si quelque chose ne nous semblait pas clair, on en discutait. On avait des tonnes de questions.
Pour être honnête, on a trouvé l'Ancien Testament déprimant. Dieu crée l'humanité... on fait des erreurs... il se fâche. Il nous donne des secondes chances, on recommence à faire des erreurs, et il se fâche à nouveau. Il n'y avait pas de fin heureuse.
On a aussi trouvé l'Ancien Testament extrêmement logique. Comme toutes les autres religions que j'avais étudiées.
Selon ces religions, on récolte toujours ce que l'on sème. Si on veut aller au paradis, il faut le mériter. Il n'y a pas de repas gratuit. C'est très simple.
Le Nouveau Testament, on a vite découvert que c'était complètement différent. Pendant qu'on lisait l'Ancien Testament, on avait l'impression d'être assis dans le noir. Mais quand on a commencé à lire Matthieu, wow ! La lumière s'est allumée.
Dans le Nouveau Testament, Dieu n'est plus en colère contre nous. Il veut faire la paix avec sa création. Il le fait d'une manière incroyable, mais qui a un impact énorme sur notre espèce et qui change la civilisation de manière radicale.
On a remarqué une autre différence énorme : le Nouveau Testament ne semblait pas logique. Par exemple, il dit que Jésus est à la fois pleinement homme et pleinement Dieu, ce qui veut dire qu'il est à la fois mortel et immortel. Comment est-ce possible ?
Les choses que dit cet homme-Dieu défient aussi la logique.
Ça m'a rappelé ce que j'avais appris en physique quantique.
La physique quantique, ce n'est pas logique non plus. Ça dit des choses comme : quelque chose peut exister et ne pas exister en même temps ; quelque chose peut aller d'un point à un autre sans passer par le chemin qui les relie.
Ça paraît bizarre, mais il y a beaucoup de preuves que la physique quantique est fiable.
Autrement dit, la physique quantique n'est pas logique, mais ce n'est pas non plus absurde. On ne peut pas la rejeter à la légère.
Pour cette raison, je savais que je ne devais pas rejeter le Nouveau Testament à la légère. Je devais le prendre au sérieux. Je devais voir où ça me menait.
C'est très important. Je veux être sûr que vous comprenez ce que je dis avant de continuer.
Ce n'est pas parce que quelque chose n'est pas logique que c'est illogique. Ce n'est pas parce que ça n'a pas de sens que c'est absurde. Si vous limitez votre analyse à la logique, vous risquez de passer à côté des vérités les plus profondes sur vous-même et sur l'univers.
Parce que ce qui ne sonne pas logique pourrait très bien être ce que j'appelle la pensée translogique. La physique quantique et le Nouveau Testament en sont deux exemples.
On distingue la pensée logique de la pensée translogique. La pensée logique mène à des vérités triviales. Ce n'est pas que ce n'est pas important, mais c'est logique et courant. L'opposé d'une vérité triviale est toujours faux.
La pensée translogique mène à des vérités profondes. Une vérité profonde n'est pas logique. L'opposé d'une vérité profonde est aussi vrai.
Un physicien a dit que les vérités profondes se reconnaissent au fait que leur opposé est aussi une vérité profonde.
Les vérités triviales suivent les règles de la logique. Les vérités profondes, en revanche, bafouent les règles, ouvrant nos yeux sur les secrets les plus profonds de l'univers.
Un exemple : "Un centime d'euro vaut un centime d'euro". C'est une vérité triviale. Parce que son opposé est faux. "Un centime d'euro ne vaut pas un centime d'euro".
Maintenant, une autre vérité : "Le vide quantique est le néant". C'est une vérité profonde. Parce que son opposé est aussi vrai. "Le vide quantique n'est pas le néant."
Selon la physique quantique, le vide quantique est à la fois rien et tout.
Je sais, ça n'a pas de sens. Mais c'est vrai. En fait, ce sont les vérités les plus profondes de l'univers.
La pensée translogique est la manière la plus pertinente de décrire l'univers. C'est une capacité unique de l'espèce humaine. La pensée translogique est une intelligence particulière, qui transcende les règles de la logique.
Vous êtes capables de pensée translogique. Mais tout le monde ne l'utilise pas.
À l'époque où je lisais la Bible avec Laurel, j'avais déjà l'habitude de la pensée translogique. J'ai tout de suite reconnu la possibilité que le Nouveau Testament soit translogique. Pour cette raison, et pour d'autres, le Nouveau Testament me captivait comme aucune autre littérature sacrée ne l'avait jamais fait.
Mais ça n'a pas suffi à ébranler mon athéisme.