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Alors, euh... on va parler d'un truc intéressant aujourd'hui, un truc qu'on sous-estime souvent : le temps. On a peut-être tous vu passer cette image, "Votre vie en semaines", avec tous ces petits carrés... Ça fait un peu flipper, non ? On dirait que la vie est super courte, finie, qu'on a qu'une poignée de cases à remplir. Et ça, ça nous pousse à se demander, avec une certaine urgence : "Est-ce que je suis en train d'utiliser mes semaines à fond ?"
Mais voilà, on vit dans une société obsédée par la productivité, et la réponse qu'on nous donne, c'est : "Gestion du temps !". Sauf que... à force de vouloir optimiser chaque seconde, de remplir chaque case au maximum, on finit par flipper, par avoir peur de manquer de temps. Les Allemands ont même un mot pour ça : *Torschlusspanik*.
J'avais posté un message pour demander si des "accros à la productivité en voie de guérison" voulaient bien témoigner, et j'ai été bombardée de réponses. Des ingénieurs, des fondateurs de startups, mais aussi une prof de Grèce, une infirmière du sud des États-Unis, un coach... Bref, l'obsession de l'efficacité, ça touche tout le monde, quoi.
Et tous ces gens, ils m'ont dit la même chose : à force de vouloir être super productifs, ils ont fini par craquer. Insomnies, problèmes de santé, relations brisées... L'un d'eux disait qu'il n'arrivait plus à "ralentir et à profiter du moment présent". Un autre a dû réapprendre que c'était OK de marcher, même si c'était plus long que de prendre la voiture.
Alors, comment faire pour profiter de nos semaines, pour faire des trucs qui comptent, sans se sacrifier sur l'autel de la productivité ? Ben, faut changer de perspective. Faut comprendre pourquoi on voit le temps à travers le prisme de la productivité, au lieu de celui de la curiosité.
Dans notre société, être productif, c'est une obligation morale. On nous a appris à valoriser les résultats plus que l'effort, à toujours vouloir apprendre de nouvelles choses, à remplir nos week-ends à ras bord. Du coup, on a tendance à juger notre valeur personnelle en fonction de ce qu'on accomplit. Être productif, c'est une façon de dire : "Je suis là, et ça change quelque chose".
Alors, on traite chaque instant comme une ressource à exploiter au maximum. On veut en faire le plus possible, le plus vite possible, en visant des objectifs linéaires. On "dépense" du temps, on "investit" du temps, on "gagne" du temps, on "budgétise" notre temps. Pour qu'une activité vaille la peine, il faut qu'elle ait un résultat concret. Et dans ce cadre-là, la productivité, c'est une vertu, et la curiosité, c'est une distraction.
Même si on a grandi dans un environnement qui encourageait la curiosité, les grands changements peuvent nous stresser et nous pousser à nous jeter à corps perdu dans le travail pour faire face. Une promotion, un déménagement, la naissance d'un enfant, la perte d'un parent... C'est souvent dans ces moments-là qu'on a envie de reprendre le contrôle.
Et parfois, c'est lié à la neurodiversité. Certaines personnes, autistes ou atteintes de TDAH par exemple, ont tendance à se concentrer sur un seul sujet à la fois. Et si ce sujet, c'est la productivité, ça peut vite devenir une obsession : acheter des formations, installer des applications, télécharger des modèles... Des trucs qui, paradoxalement, finissent par nous distraire du travail.
Alors, quelle que soit la cause, cette obsession de la productivité devient un motif caché qui influence nos choix, qui nous pousse à produire, produire, produire, en oubliant l'importance du repos, de la réflexion, des moments de partage. Chaque projet doit avoir un résultat clair. Les conversations deviennent des transactions. Et les moments "improductifs" de rêverie, de flânerie, ceux où nos meilleures idées peuvent surgir, disparaissent.
Soyons honnêtes : personne n'a vraiment envie d'avoir une vie productive. On a envie de s'exprimer, de se connecter aux autres, d'explorer le monde. La productivité, c'est juste un moyen d'y arriver, et ça ne devrait surtout pas se faire au détriment de la vie elle-même.
Heureusement, on peut s'en sortir. Mais ça demande de jeter, au moins temporairement, nos agendas, nos minuteurs et nos listes de tâches, et d'adopter une approche du temps plus épanouissante.
Au-delà de la gestion du temps...
Les Grecs anciens avaient deux mots pour parler du temps. Chronos, c'est le temps quantitatif. C'est le temps des horloges, des calendriers, des outils de productivité, des objectifs linéaires. C'est le temps qui nous file entre les doigts, qui nous remplit d'urgence et d'anxiété. C'est le temps qu'on voit dans "Votre vie en semaines" : des cases identiques, vides, qu'on doit remplir à tout prix.
Mais ces cases, elles ne représentent pas du tout notre expérience du temps. Les semaines de notre vie n'ont pas le même poids. Je ne me souviens pas du jour de ma naissance, mais la veille de ma rentrée à l'école, elle a duré une éternité. La semaine où j'ai envoyé mon projet de bouquin aux éditeurs, c'était un mois entier d'excitation, de doute et d'espoir. Et je me souviens de chaque instant du jour où j'ai appris la mort d'un ami proche, comme si cette journée avait duré des années.
Dans le fond, on le sait : le temps est élastique. Certains moments durent une éternité, d'autres passent en un clin d'œil. Les émotions, la faim, la fatigue, l'ennui, l'âge... Tout ça influence notre perception du temps. Le temps n'est pas une série d'unités identiques, c'est une expérience profondément personnelle et fluide.
Du coup, on peut représenter "Votre vie en semaines" d'une autre manière, plus chaotique, certes, mais plus réaliste. Et ce chaos, il est beau, parce qu'il veut dire que nos semaines les plus riches, les plus épanouissantes, sont peut-être encore devant nous. Passer d'une vision quantitative du temps à une vision qualitative, c'est la première étape vers une approche plus saine de nos activités et une réponse plus satisfaisante à la question de savoir comment profiter au maximum de nos semaines.
Les Grecs, ils accordaient beaucoup d'importance à cette vision qualitative du temps, tellement qu'ils avaient un autre mot pour ça : Kairos. Kairos, c'est la qualité du temps, pas la quantité. C'est la reconnaissance que chaque instant est unique, qu'il a un potentiel unique, et qu'il ne faut pas le réduire à une simple unité à exploiter.
En Bretagne, là où mon père est né, on pratique beaucoup la pêche à pied. On peut aller ramasser des moules, des huîtres, des bigorneaux toute l'année. Mais les pêcheurs savent bien que tous les moments ne se valent pas. Certains coquillages, comme les couteaux ou les coques, s'enfouissent profondément quand il fait froid. Et les huîtres, il ne faut pas les ramasser après de fortes pluies, parce qu'elles sont occupées à filtrer les polluants.
Même si les fruits de mer sont disponibles toute l'année, chaque expédition de pêche est unique, et son succès dépend des bonnes conditions au bon moment. Alors, le pêcheur comprend quelque chose que beaucoup d'entre nous, assis derrière nos bureaux, en regardant notre agenda et notre montre, oublient : tous les moments ne sont pas égaux. Certains ont un poids particulier, un potentiel unique, c'est le terreau précieux d'où peuvent surgir nos meilleures idées et nos expériences les plus marquantes.
Ces moments Kairos, c'est ce que j'appelle des fenêtres magiques : ces périodes de *flow* créatif, ces moments où on est totalement absorbé par une activité, où on passe du temps avec des gens qu'on aime, ou on fait une introspection. Ces moments où on a l'impression que le temps s'arrête, que notre conscience est à l'abri du chaos du monde. Le Kairos, c'est quand on se dit : "Là, tout de suite, c'est parfait".
Le Kairos, ça prend en compte ce que la vision traditionnelle de la productivité ignore : la valeur du temps dépend de la situation. Des opportunités uniques peuvent sembler moins importantes que de lire une histoire à son enfant avant de dormir. Un moment de solitude peut être plus vital qu'une sortie entre amis. Et puis, il y a les imprévus. Une urgence peut chambouler un planning bien établi. On peut tomber malade au moment où on trouve enfin du temps pour un *hobby* qu'on adore. Un collaborateur de confiance peut partir juste avant un lancement, ruinant tous nos plans.
Alors, comment faire pour jongler entre nos aspirations et nos obligations ? Comment trouver ces moments Kairos dans un quotidien souvent rigide ? On peut choisir consciemment de se concentrer sur ce qui résonne le plus en nous à un moment donné. On peut accepter de ne pas maximiser chaque minute, et apprécier les qualités uniques de chaque instant qui compose notre vie.
Pour vivre dans le temps du Kairos, il faut se concentrer sur la façon dont on vit chaque moment, plutôt que sur ce qu'on fait de notre temps. Il faut être plus présent, plus engagé, plus attentif à la qualité de nos expériences.
Vos fenêtres magiques...
La pleine conscience et la productivité peuvent sembler incompatibles, mais c'est seulement si on les regarde à travers le prisme du Chronos. La productivité traditionnelle, elle part du principe qu'il faut remplir au maximum chaque case de notre agenda.
La productivité en pleine conscience, elle, se concentre sur la qualité de l'expérience. Elle part du principe que chaque instant est unique, et elle nous invite à choisir l'action la plus juste en fonction de ce moment.
Dans la productivité traditionnelle, le temps est la ressource la plus importante. Dans la productivité en pleine conscience, c'est notre énergie physique, cognitive et émotionnelle, ce sont les ingrédients qui font naître les moments Kairos.
Gérer votre énergie physique...
On a de plus en plus tendance à utiliser des minuteurs et des applications de *time-blocking* pour gérer notre productivité. On découpe nos journées en petits créneaux prédéfinis, et on utilise nos montres connectées pour ne pas perdre le fil. Mais notre meilleur allié, c'est peut-être notre horloge interne, notre rythme circadien. Au lieu de nous baser uniquement sur des horaires arbitraires, il faut prendre en compte nos cycles naturels d'énergie.
On peut être du matin, du soir, ou "du milieu", comme le dit l'auteur américain Daniel Pink. En comprenant notre chronotype, on peut adapter nos activités à nos niveaux d'énergie, et déterminer les moments où on est le plus performant, le plus créatif, ou ceux où on a besoin de faire une pause.
Et il n'y a pas que les cycles quotidiens qui comptent. Il y a aussi les cycles hormonaux, les changements de saison... Les entraîneurs de l'équipe féminine de football des États-Unis pensent que le suivi des cycles menstruels de leurs joueuses a été déterminant dans leur victoire à la Coupe du monde. Elles ont adapté leur alimentation, leurs entraînements et même leurs heures de sommeil en fonction de leurs niveaux d'œstrogènes et de progestérone. Au lieu d'être un obstacle, ces cycles naturels sont devenus un outil pour optimiser leurs performances.
Alors, qu'il s'agisse de sommeil, d'hormones ou de saisons, chacun a ses propres cycles de hauts et de bas d'énergie. Il existe même des cycles biologiques plus longs, qu'on appelle les cycles circannuels, qui montrent que les saisons ont un impact complexe sur le fonctionnement de notre cerveau.
Beaucoup de leaders et de créatifs ont compris l'importance de ces cycles pour travailler plus intelligemment. LeBron James, Arianna Huffington, Bill Gates... Ils accordent tous une grande importance à leurs nuits de sommeil. Même Winston Churchill faisait des siestes pendant la journée. Et Henry David Thoreau, il préconisait de vivre au rythme des saisons, et de se recentrer sur soi-même pendant les mois d'hiver.
Pour commencer à mieux gérer votre énergie physique, vous pouvez noter vos niveaux d'énergie à différents moments de la journée pendant une semaine ou deux. Comme ça, vous pourrez identifier vos pics et vos creux. Vous pouvez aussi colorer votre agenda a posteriori, comme le fait l'investisseur Sahil Bloom : vert pour les activités qui génèrent de l'énergie, jaune pour les activités neutres, et rouge pour celles qui vous vident. Ensuite, vous pourrez privilégier les activités qui vous rechargent et éviter celles qui vous épuisent.
Pensez aussi à réévaluer vos fenêtres magiques, pour qu'elles soient en phase avec vos niveaux d'énergie. On a souvent des idées préconçues sur nos rythmes, mais ils peuvent changer avec l'âge, avec nos responsabilités. Ça vaut le coup d'expérimenter différentes heures de travail pendant quelques semaines, et de voir quand on se sent le plus alerte.
Et surtout, écoutez votre corps. Bâillements fréquents, brouillard mental... Ce sont des signaux qui vous disent que vous avez besoin de repos. Au lieu de forcer avec du café ou d'autres stimulants, faites une petite sieste ou une pause.
Au lieu de vous forcer à travailler comme un dingue après un week-end chargé, par exemple, vous pouvez choisir de faire les tâches administratives les plus faciles le lundi. Vous pouvez aussi reporter des réunions au mardi pour pouvoir méditer ou faire du sport le matin, ou dormir 20 minutes de plus. Les tâches importantes seront faites quand même, mais sans stress inutile.
Gérer votre énergie physique, ça revient à abandonner l'idée qu'on doit toujours être au top. L'énergie fluctue naturellement, et essayer de maintenir un pic constant est non seulement impossible, mais aussi néfaste pour notre bien-être. Respecter nos rythmes naturels, ça nous permet d'avoir une relation plus saine avec le travail, et d'être plus productifs et créatifs.
Gérer vos ressources cognitives...
Une fois que vous avez identifié vos fenêtres magiques, il faut se poser la question : qu'est-ce qu'il faut faire pendant ces moments-là ? On aimerait bien pouvoir tout faire en même temps, mais notre cerveau a des limites. Il y a ce que les scientifiques appellent la fonction exécutive, c'est notre capacité à choisir et à contrôler nos actions.
On se croit capables de faire plusieurs choses à la fois, mais en réalité, notre performance baisse considérablement quand on essaie de se concentrer sur plus d'une chose. Le cerveau humain a un goulot d'étranglement attentionnel qui limite notre perception et notre action. En essayant d'en faire plus, on ralentit en fait.
La mémoire de travail, c'est l'espace mental où on traite et on manipule l'information. C'est comme jongler avec plusieurs balles en même temps. Mais il y a une limite au nombre de balles qu'on peut garder en l'air.
Alors, comment gérer ces limites cognitives ? Il faut se concentrer sur une seule chose à la fois. Il faut accepter de ne pas pouvoir tout faire en même temps, et choisir, à chaque instant, ce qui est le plus important : sa famille, son travail, soi-même. Il y aura toujours des priorités concurrentes. Au lieu d'essayer de maintenir un équilibre artificiel, on peut choisir une priorité à la fois et y consacrer toute notre énergie.
Ce n'est pas la même chose que le *time-blocking*, où on découpe sa journée à l'avance avec des tâches prédéfinies. Il faut plutôt être à l'écoute de ses capacités cognitives, et se demander : compte tenu de mon niveau d'attention et de ma mémoire de travail, quelle est la tâche la plus judicieuse à faire maintenant ?
Tenez compte de votre environnement. Si vous êtes chez vous et que vos enfants sont dans les parages, vous pouvez réserver ce temps à des tâches plus légères, qui ne demandent pas une concentration totale. Par contre, si vous avez quelques heures de tranquillité et qu'une présentation importante vous trotte dans la tête, vous pouvez vous y plonger.
Tenez compte de votre état mental. Si vous avez reçu des critiques récemment, essayez de les affronter directement. Asseyez-vous, réfléchissez à ces *feedback*, et notez vos pensées sur papier ou dans une application. Ensuite, vous pourrez revenir à votre tâche.
Et surtout, évitez le *multitasking*. Ça peut donner l'impression d'être productif, mais c'est un moyen sûr de baisser la qualité de votre travail. Concentrez toute votre attention sur une seule activité. Fermez toutes les autres applications, laissez votre téléphone dans une autre pièce, et faites savoir aux gens autour de vous que vous êtes en mode concentration.
Gérer vos ressources émotionnelles...
Madonna, elle racontait qu'il lui arrivait de pleurer d'épuisement avant la moitié de ses concerts, mais qu'elle continuait quand même. On peut réussir en se forçant à travailler sans arrêt, mais à la longue, ça finit par affecter notre santé mentale. Et on risque même d'atteindre un point de non-retour.
Le stress n'est pas toujours mauvais. Un certain niveau de stress, qu'on appelle l'eustress, peut même améliorer nos performances. Mais comme une pile de sable qui devient de plus en plus instable, notre niveau de stress peut s'accumuler jusqu'à ce qu'une petite étincelle provoque un effondrement. Il est donc essentiel de savoir quand l'eustress se transforme en détresse.
Sauf que, on est devenus nuls pour s'écouter. On sait qu'il faut être connecté à ses émotions et prendre soin de soi, mais on a du mal à mettre ça en pratique. Pour assumer nos responsabilités, on ignore les signaux que nos émotions essaient de nous envoyer. On a du mal à s'endormir le soir. On s'irrite facilement. On se sent anxieux sans raison apparente. Et pourtant, on continue à avancer.
C'est comme un commerçant qui, face à une file d'attente de plus en plus longue, se met à travailler mécaniquement pour faire face à la demande, en traitant les transactions rapidement, mais sans l'attention qui faisait autrefois la qualité de son service. Il est physiquement présent, mais émotionnellement absent.
Au lieu d'essayer de supporter ces symptômes en détournant votre attention, faites une pause pour vous reconnecter à ce que vous ressentez. Une des façons les plus simples de réguler vos émotions, c'est de stimuler votre système nerveux parasympathique, qui agit comme un frein sur la réponse au stress. Il suffit de bouger votre corps.
Vous n'avez pas besoin de faire une séance de sport complète. Vous n'avez même pas besoin de vous lever. Quelques mouvements suffisent. Vous pouvez faire rouler doucement vos épaules de haut en bas, ou déplacer subtilement votre poids d'un côté à l'autre en vous tenant debout, en étirant les muscles de vos jambes et de vos hanches. Même de petits mouvements, comme faire tourner vos poignets ou vos chevilles, peuvent stimuler votre système nerveux parasympathique. Ce qui compte, c'est de vous concentrer sur la sensation intérieure du mouvement, et pas sur ce que ça donne de l'extérieur.
En étant attentif à vos émotions et en régulant votre système nerveux, vous développerez ce que Susan David appelle l'agilité émotionnelle, la capacité de vous adapter et de réagir à vos expériences émotionnelles. Vous serez capable de naviguer efficacement dans votre paysage émotionnel, et d'empêcher certaines réactions psychophysiologiques, comme l'anxiété diffuse, de vous emprisonner. Vous pourrez faire votre travail du mieux possible, sans sacrifier votre bien-être.
En résumé, la productivité en pleine conscience, ça vise à répondre à trois questions :
Gérer votre énergie : quel est le moment de ma fenêtre magique ?
Gérer votre fonction exécutive : qu'est-ce qui doit se passer dans cette fenêtre ?
Gérer vos émotions : comment garder la fenêtre ouverte ?
Pour gérer votre énergie physique, alignez vos tâches les plus exigeantes sur vos pics d'énergie quotidiens, et bloquez une fenêtre magique hebdomadaire pour le travail stratégique. Pour vos ressources cognitives, concentrez-vous sur une seule tâche à la fois, en tenant compte de l'impact de votre environnement sur votre attention, et en déchargeant vos soucis dans vos notes pour libérer de la mémoire de travail. Pour vos ressources émotionnelles, pratiquez le mouvement conscient dès que vous remarquez des signaux de détresse.
Malheureusement, notre société nous demande souvent de nous conformer à une vision du monde basée sur le Chronos. Sauf si vous vivez sur une île déserte sans aucune responsabilité, vous ne pouvez pas toujours laisser vos émotions guider vos actions. On a des rendez-vous, des échéances, d'autres obligations liées au temps. On prend des engagements avec des amis, mais parfois, on aimerait faire autre chose quand le moment arrive. Nos emplois peuvent parfois nous obliger à travailler tard le soir. Bref, la vie arrive.
Alors, comment revenir dans le Kairos quand le Chronos semble prendre le contrôle ? Comment passer dans un état d'être quand le faire est obligatoire ?
Concevoir un rituel Kairos...
Qu'est-ce qu'il y a de commun entre marcher en cercle lentement, faire une tasse de thé et écouter sa playlist préférée ? Ce sont toutes des façons que les gens que je connais utilisent pour s'ancrer dans le présent et faire leur travail du mieux possible.
J'appelle ça des rituels Kairos. Ce sont de petits actes qui vous aident à ouvrir une fenêtre magique pour quelque chose vers quoi vous voulez diriger toutes vos ressources, quoi qu'il se passe dans votre vie. C'est une pratique pour faire appel à votre plus haut niveau de conscience.
La méditation ou le yoga, ça peut être super, mais c'est pas toujours facile à faire quand on est débordé. Heureusement, ce ne sont pas les seuls moyens de rester en contact avec notre être intérieur. Être conscient, c'est interrompre le mode pilote automatique qu'on utilise souvent au quotidien, c'est prendre le temps d'apprécier les petites choses, et d'observer comment on se sent sur le plan physique, cognitif et émotionnel. Un rituel Kairos, c'est une façon de voir le moment présent clairement.
Ces rituels sont aussi différents que les personnes qui les pratiquent. Vous pouvez écouter de la musique qui vous met de bonne humeur, vous étirer, faire une respiration consciente, faire une liste de vos intentions pour le reste de votre journée...
Ces rituels sont puissants parce qu'ils sont simples, pas malgré cela. Ils s'intègrent facilement dans notre quotidien. C'est cette accessibilité, cette façon douce mais persistante de nous ramener au présent, qui leur donne le pouvoir transformateur d'ouvrir des fenêtres magiques à volonté.
Physiquement, ils vous guident pour faire une pause et recalibrer vos niveaux d'énergie. Cognitivement, ils interrompent votre mode pilote automatique, ce qui vous permet de vous recentrer et d'aborder les tâches avec une clarté renouvelée. Émotionnellement, ces rituels vous offrent un sanctuaire, un moment de répit pour reconnaître vos sentiments, valider vos expériences et vous reconnecter à votre être intérieur. Les rituels Kairos fonctionnent comme des mini *reset*, qui vous préparent à l'action et qui vous garantissent que toutes vos facultés fonctionnent en synergie.
Il y a deux facteurs clés à prendre en compte pour choisir un rituel Kairos. Le premier, c'est l'aspect pratique. Vous ne pourrez peut-être pas vous lever et danser ou allumer des bougies au bureau. Choisissez un rituel que vous pouvez utiliser facilement chaque fois que vous avez besoin de vous reconnecter à vous-même et au moment présent, même si c'est juste siroter du thé en pleine conscience, noter une chose pour laquelle vous êtes reconnaissant sur un post-it, ou regarder une photo qui vous apporte un sentiment de calme. Le deuxième, et le plus important, c'est de choisir un rituel qui vous parle personnellement. Ça doit être quelque chose que vous avez envie de faire, pas une corvée.
Alors, chaque fois que vous aurez besoin de vous ancrer dans le moment présent, vous pourrez utiliser ce rituel pour passer en mode Kairos, en étant en phase avec vos niveaux d'énergie, en tirant parti de votre fonction exécutive, et en étant connecté à vos émotions.
La productivité en pleine conscience, ça vous donne ce dont vous avez besoin pour vivre une vie curieuse. Quand vous vous concentrez sur le fait d'être plus, sur le fait de trouver des moyens d'être présent et de ralentir le temps, vous pouvez éviter le *burnout* sans renoncer à vos ambitions.