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Alors, euh… c'est intéressant quand même, ce truc d'efficacité, hein ? On se dit, "efficacité", c'est toujours bien, mais… c'est pas si simple en fait.
Il y a ce truc, cette citation de Marshall McLuhan qui dit, et je paraphrase un peu, que l'homme n'est pas fait pour vivre à la vitesse de la lumière. Et c'est tellement vrai, quoi ! Avant, les nouvelles, ça voyageait à pied, quoi ! C'était lent. Et puis, la technologie est arrivée et… paf ! Tout a changé. Le temps s'est tordu, l'espace s'est contracté, et on s'est tous retrouvés connectés, en temps réel.
Imaginez, il y a eu l'éruption du Krakatoa… Un truc énorme, un bruit incroyable ! Les gens à Milwaukee, aux États-Unis, l'ont ressenti, comme si c'était à côté de chez eux. Pourtant, c'était à des milliers de kilomètres ! C'est le télégraphe qui a fait ça. Il a envoyé l'info à des journaux partout dans le monde, et d'un coup, la distance n'avait plus d'importance. On pouvait être, virtuellement, à l'autre bout du monde en un instant. C'est ça, la distorsion du temps et de l'espace !
Et puis, il y a eu le train. Avant le train, chaque ville avait son heure, basée sur le soleil. Mais avec les trains, c'est devenu le bordel, quoi ! Imaginez les horaires ! Donc, on a inventé le "temps standard". L'homme a pris le contrôle du temps, en quelque sorte.
La technologie, c'est comme un marionnettiste. Elle tire les ficelles de nos vies. Les rails du train ont défini où on pouvait aller, et les horaires, quand. On a accepté de se plier à ces horaires pour être plus efficaces, pour aller plus vite.
Et puis, il y a eu ce type, Frederick Winslow Taylor, un ingénieur… Il a remarqué que les ouvriers étaient plus efficaces s'ils faisaient toujours les mêmes mouvements, dans le même ordre. C'est pas une question de force, mais d'optimisation. Et Ford a poussé ça à l'extrême avec la chaîne de montage. Au lieu d'avoir des ouvriers qui bossent sur une seule voiture, ils bossaient sur plusieurs, les unes après les autres, grâce à ce tapis roulant. Résultat : ils produisaient une voiture toutes les 24 secondes ! Un truc de dingue !
Et petit à petit, ce modèle de la chaîne de montage s'est étendu à tout. L'agriculture, la construction, même les hôpitaux… Tout est devenu une chaîne.
Dans les années 50, avec l'essor des emplois de bureau, les gens ont quitté les campagnes pour les villes, attirés par la promesse de boulots plus confortables et mieux payés. Mais en fait, le modèle de l'usine est resté le même. Les employés de bureau étaient assis à leur bureau, à faire des tâches répétitives, comme des machines. Ils pointaient le matin et le soir, et leur cerveau était une chaîne de montage.
Dans les années 70, les employés de bureau étaient les plus insatisfaits. Ils étaient enfermés dans des bureaux qui ressemblaient à des usines, à faire des tâches répétitives. Comme disait un rapport de l'époque, "Le bureau aujourd'hui, où le travail est segmenté et autoritaire, est souvent une usine… Les opérations de saisie informatique et les pools de dactylographie partagent beaucoup en commun avec la chaîne de montage automobile."
Cette façon de travailler, en ligne droite, en continu, ça privilégie la quantité à la qualité. Quand on force son cerveau à travailler comme ça, on évite les bas, mais on évite aussi les hauts. Il n'y a pas de place pour la créativité, pour l'innovation. Pendant longtemps, ça n'a pas été un problème, parce que le travail ne demandait pas beaucoup de réflexion. Mais aujourd'hui, ça change.
Quand on est face à une limite, on trouve toujours un moyen de la dépasser. On a remplacé les mains des hommes par des machines, et maintenant, on remplace les cerveaux par des ordinateurs, par l'IA. L'IA peut faire beaucoup de tâches plus efficacement que nous.
Du coup, le travail intellectuel évolue. On a de plus en plus besoin de créativité, de capacité à apprendre et à résoudre des problèmes complexes. La valeur d'une entreprise aujourd'hui, elle est plus dans ses idées que dans ses usines. Les algorithmes de Google valent plus que ses ordinateurs, et la marque Apple vaut plus que le coût de ses produits.
Donc, cette vieille façon de travailler, à la chaîne, ça ne marche plus. Il faut trouver une nouvelle façon d'être efficace, une façon qui respecte le fonctionnement de notre cerveau. L'efficacité, ce n'est plus une question de quantité, mais de qualité.
Il faut qu'on impose le rythme de notre cerveau à notre travail, et non l'inverse. C'est ça le truc. Et euh... voila quoi.