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Calculating...

Alors, euh... chapitre dix-sept, hein ? On va parler de la Seconde Guerre Mondiale. C'est... c'est pas une partie de plaisir, hein, comme sujet.

Bon, pendant les années trente, alors que la plupart des autres pays, ils étaient, comment dire, embourbés dans la Grande Dépression, l'Allemagne, elle, elle se redressait à toute vitesse. Mais bon, l'idéologie nazie, elle disait bien que ce redressement, basé sur des dépenses paisibles, c'était pas du tout le truc d'Hitler, quoi. Pas du tout, hein.

En mars mille neuf cent trente-cinq, Hitler, paf, il annonce que l'Allemagne, elle brise les chaînes du traité de Versailles et elle se réarme. Voilà. Les alliés, euh, victorieux de la Première Guerre Mondiale, ils se retrouvent face à un problème de politique étrangère... assez épineux, quoi. Les États-Unis, isolés, ils voulaient pas entendre parler d'envoyer des soldats ou des garnisons en Europe. Et puis, les électeurs britanniques et français, alors là, surtout pas, hein, ils voulaient pas refaire la Première Guerre Mondiale, c'était clair. Et puis, le programme d'Hitler de réarmement et d'affirmation nationale, ça obligeait la Grande-Bretagne et la France à faire un choix, quoi. Fallait se décider.

Les manœuvres diplomatiques des années trente, elles étaient pas égales, et pas parce que la Grande-Bretagne et la France, elles étaient bien armées et moins touchées par la Grande Dépression, alors que l'Allemagne, elle était désarmée et en pleine crise. Non, non, c'était inégal parce que la Grande-Bretagne et la France, elles voulaient absolument pas s'approcher d'une guerre. Elles étaient persuadées que personne d'autre n'en voulait, non plus. Histoire de pas retomber dans un truc aussi horrible que la dernière, quoi. C'était inégal parce qu'Hitler, lui, il partageait pas cet avis. Et la structure du pouvoir allemand non plus, hein.

Les politiques de la Grande-Bretagne et de la France, on peut vraiment les appeler des stratégies d'apaisement. En gros, c'était: on donne à Hitler des victoires diplomatiques, on les distille au compte-gouttes. On fait en sorte qu'il soit investi dans des petits succès, comme ça il honorera les engagements qu'il a pris pour les obtenir. Genre, comme l'ambassadeur britannique Eric Phipps, il l'a écrit dans son journal en mille neuf cent trente-cinq : si on peut, je cite, "le lier... par un accord portant sa signature", il pourrait "l'honorer", fin de citation. Il disait : "Un accord qui ne soit qu'en partie agréable à la Grande-Bretagne et à la France, et pas trop désagréable à l'Italie, pourrait empêcher pendant un certain temps de nouveaux coups de canon allemands dans le concert international". Il ajoutait : "Des années pourraient alors passer, et même Hitler pourrait vieillir." Euh... Bon. Si c'était ça la stratégie, bah... ça a pas marché, quoi.

Quand Hitler, il a commencé sa campagne diplomatique, il avait une série d'arguments assez forts de son côté, faut dire. Le traité de Versailles, qui avait mis fin à la Première Guerre Mondiale, il limitait l'armée allemande à cent mille soldats. Mais les autres nations du monde, elles avaient jamais réduit leurs propres armées. Est-ce que l'Allemagne, elle devait être la seule grande puissance à craindre une invasion du Danemark ou de la Yougoslavie ? C'était pas juste, hein. Et puis, la réponse que l'Allemagne nazie, c'était une nation paria, dirigée par une dictature cruelle et oppressive, c'était pas un argument qui avait du sens dans le langage de la diplomatie européenne. L'idée que ce qu'un gouvernement dûment reconnu faisait à l'intérieur de ses frontières, ça ne concernait pas les autres gouvernements du monde, c'était... c'était bien ancré, quoi.

Ce qui avait du sens dans le langage de la diplomatie européenne, c'était la langue. La langue que la majorité des gens dans un village donné parlait. Le traité de Versailles, et les autres aspects du règlement de l'après-Première Guerre Mondiale, ils avaient essayé, imparfaitement, mais autant que possible, de redessiner les frontières nationales en suivant les lignes linguistiques. Sauf pour l'Allemagne, quoi. Des germanophones, ils étaient dirigés non seulement depuis Berlin, mais aussi depuis Rome, Vienne, Budapest, Prague, Varsovie, Vilnius, Paris, et même Bucarest.

Tant qu'Hitler, il limitait ses objectifs de politique étrangère à supprimer les restrictions sur les armements allemands qui faisaient de l'Allemagne une nation moins qu'égale, et à essayer de "régler" les problèmes de minorités nationales en redessinant les frontières pour qu'elles correspondent plus aux lignes linguistiques, c'était dur pour la Grande-Bretagne, la France et les autres de dire non.

Parce que, bon, est-ce que la Grande-Bretagne et la France, elles voulaient envahir l'Allemagne, déposer Hitler et installer un gouvernement fantoche instable, qui allait encore plus enflammer le nationalisme allemand ? Ah bah oui, elles voulaient. Enfin, surtout Winston Churchill, en fait, qui avait eu la clairvoyance de comprendre qu'une telle démarche, c'était la moins mauvaise option. Mais bon, il était considéré comme un peu fou, hein : il avait eu tort de ne vouloir faire aucun compromis avec les Indiens qui cherchaient l'autonomie, tort de soutenir la déflation quand il était ministre des Finances britannique en mille neuf cent vingt-cinq, tort de soutenir le roi Édouard VIII dans son désir d'épouser Wallis Warfield Spencer Simpson, une mondaine deux fois divorcée, et, on disait, tort dans ses plans pour gagner la Première Guerre Mondiale, pas en France et en Belgique, mais en Turquie. Alors, pourquoi est-ce que quelqu'un aurait dû penser qu'il avait raison de s'alarmer d'une menace allemande ?

En pleine Grande Dépression, les dirigeants politiques français et britanniques, ils pensaient qu'ils avaient des problèmes plus importants que de faire appliquer toutes les dispositions du traité de Versailles. Et puis, certains souhaitaient activement que l'Allemagne rejoigne à nouveau la communauté des nations d'Europe occidentale. Avec une Allemagne effectivement désarmée, il y avait un vide de puissance entre la frontière de l'Union Soviétique et le Rhin. La Pologne et l'Union Soviétique, elles avaient mené une guerre au début des années vingt, qui avait vu l'Armée Rouge s'approcher de Varsovie avant d'être repoussée. Des sages, ils disaient qu'une armée allemande forte, ça pouvait servir de tampon contre la Russie communiste. Dans les années trente, alors que l'armée de terre, la marine et l'armée de l'air allemandes, elles dépassaient de manière flagrante les limites du traité, la Grande-Bretagne et la France, elles n'ont pratiquement rien fait.

Hitler, il a violé une autre disposition du traité de Versailles en mars mille neuf cent trente-six. Il a envoyé des forces militaires symboliques en Rhénanie, la province d'Allemagne à l'ouest du Rhin, qui avait été démilitarisée après mille neuf cent dix-huit. La Grande-Bretagne et la France, elles ont de nouveau été confrontées au même choix. Et puis, une fois de plus, ça semblait inutile d'agir. Aucun autre pays européen n'avait de zones démilitarisées à l'intérieur de ses frontières. Exiger que l'Allemagne maintienne une zone démilitarisée, ça semblait juste propre à enflammer le nationalisme allemand. Et, une fois de plus, pour faire respecter cette disposition, il aurait fallu envahir l'Allemagne, déposer Hitler et installer un gouvernement fantoche.

Hitler, il a annexé l'Autriche en mars mille neuf cent trente-huit. L'Autriche, elle était habitée en grande majorité par des Allemands de souche qui parlaient tous allemand. En annexant l'Autriche, Hitler, il a déclaré qu'il se contentait de rassembler le peuple allemand dans sa nation unique et de corriger une erreur politique commise à la fin du dix-neuvième siècle, quand les Allemands autrichiens, ils avaient été exclus des frontières politiques de l'Allemagne. Si seulement les Alliés, ils avaient appliqué aux Allemands les mêmes principes d'autodétermination nationale qu'ils avaient appliqués à eux-mêmes et au reste de l'Europe, il n'y aurait pas eu d'erreur à corriger. Et puis, de fait, les armées allemandes, elles ont traversé l'Autriche sans opposition et elles ont été accueillies, au moins dans certains endroits, avec enthousiasme.

Après l'annexion de l'Autriche, Hitler, il a tourné son attention vers une deuxième des frontières problématiques de l'Europe de l'après-Première Guerre Mondiale : les Sudètes. Les frontières nord et ouest de la Tchécoslovaquie, elles suivaient les frontières du royaume médiéval de Bohême et elles comprenaient une région montagneuse où se trouvaient toutes les défenses frontalières tchèques. C'était aussi une région fortement peuplée par des germanophones. Un pourcentage d'entre eux, ils criaient à l'oppression et ils réclamaient l'annexion par l'Allemagne, qui finançait leur campagne de plaintes.

Le gouvernement britannique, il avait des engagements à défendre la France. Le gouvernement français, il avait des engagements à défendre l'intégrité territoriale de la Tchécoslovaquie. La Tchécoslovaquie, elle avait aucun désir d'abandonner ses territoires montagneux, ni ses défenses frontalières. Et pourtant, les gouvernements britannique et français, ils avaient aucune envie de faire la guerre pour empêcher les habitants des Sudètes de faire partie de l'Allemagne. Les conseillers militaires des démocraties occidentales, ils craignaient que la Seconde Guerre Mondiale, elle n'amène les horreurs de la guerre des tranchées de la Première Guerre Mondiale aux civils situés loin du front.

Ils allaient avoir raison, hein.

Pour éviter la guerre, les vingt-neuf et trente septembre mille neuf cent trente-huit, le Premier ministre britannique Neville Chamberlain et le Premier ministre français Édouard Daladier, ils sont allés à Munich et ils ont conclu un accord avec Hitler. Hitler, il annexerait les Sudètes et il s'engagerait à respecter l'indépendance du reste de la Tchécoslovaquie. Et la Grande-Bretagne et la France, elles garantiraient l'indépendance de la Tchécoslovaquie. Les représentants tchèques, ils ont même pas été autorisés à entrer dans la pièce où les négociations, elles avaient lieu. Euh... Bon.

Une foule en liesse, elle a applaudi Chamberlain à son retour en Grande-Bretagne. La guerre, elle avait été évitée. Noircissant irrémédiablement sa réputation pour l'éternité, Chamberlain, il a déclaré qu'il avait obtenu, je cite, "la paix avec l'honneur. Je crois que c'est la paix pour notre temps.", fin de citation. Churchill, lui, il était mis à l'écart par les autres membres conservateurs de la Chambre des Communes britannique. Il avait un point de vue très différent. Il avait écrit à l'ancien Premier ministre David Lloyd George avant la visite de Chamberlain à Munich : "Je pense que nous allons devoir choisir dans les prochaines semaines entre la guerre et la honte, et j'ai très peu de doutes sur la décision qui sera prise".

Hitler, il a annexé toute la Tchécoslovaquie, après avoir d'abord parrainé un mouvement sécessionniste dans la partie "Slovaquie" du pays, le quinze mars mille neuf cent trente-neuf. La Grande-Bretagne et la France, elles n'ont rien fait. Chamberlain, il a déclaré : "L'effet de cette déclaration [d'indépendance par le mouvement sécessionniste parrainé par Hitler] a mis fin par une désintégration interne à l'État dont nous avions proposé de garantir les frontières [à Munich]. Le gouvernement de Sa Majesté ne peut donc plus se considérer lié par cette obligation." Bon.

Mais deux jours plus tard, Chamberlain, il a fait marche arrière. Pas en ce qui concerne la Tchécoslovaquie, mais en ce qui concerne l'apaisement.

Chamberlain et sa compagnie, ils ont étendu les garanties de sécurité à la Pologne et à la Roumanie. Des attaques allemandes contre la Pologne ou la Roumanie, il l'a déclaré publiquement, entraîneraient des déclarations de guerre contre l'Allemagne par la Grande-Bretagne et la France. Chamberlain, il semblait croire que cet engagement, il dissuaderait Hitler de toute nouvelle aventure.

Mais pourquoi est-ce qu'il aurait dû ? Comment est-ce que les troupes et les navires de guerre britanniques, ils pouvaient aider la Pologne dans une guerre avec la nation, l'Allemagne nazie, qui séparait les deux ? Hitler, il en a conclu que les Britanniques et les Français, ils bluffaient. Et puis, il voulait se préparer à l'attaque vers l'est, pour faire aux populations slaves de la Russie européenne ce que les États-Unis avaient fait aux peuples indigènes qui vivaient en Amérique du Nord. Tout comme en Amérique, Hitler, il espérait que l'Allemagne, elle deviendrait propriétaire d'un immense grenier à blé, en l'occurrence l'Ukraine, qui, après bien des épreuves, serait peuplée d'Allemands de souche gérant de grandes exploitations agricoles mécanisées.

Au printemps mille neuf cent trente-neuf, Hitler, il a de nouveau exigé un redécoupage des frontières, cette fois pour récupérer les Allemands ethnolinguistiques piégés dans un "corridor polonais" qui divisait l'Allemagne et la province de Prusse orientale.

Si les responsables de la politique diplomatique britannique et française, ils avaient été des réalistes inflexibles, ils auraient haussé les épaules. Hitler veut aller vers l'est ? Qu'il y aille. Ils auraient conclu qu'un Hitler menant une série de guerres à l'est, il était peu probable qu'il leur cause des problèmes, au moins pendant un certain temps. Et puis, si Hitler, à un moment donné, il se tournait vers l'ouest, alors ce serait le moment de s'occuper de lui.

Mais ils ont pas fait ça. Ils avaient garanti la Pologne et la Roumanie. Ils ont doublé la mise, misant sur la dissuasion.

Chamberlain et son ministre des Affaires étrangères, Lord Halifax, ils semblent avoir peu réfléchi à ce qui se passerait si la dissuasion, elle échouait. Ils savaient qu'ils voulaient pas la guerre. Ils étaient sûrs qu'Hitler, il ressentait la même chose. Ce qui voulait dire qu'Hitler, il devait bluffer aussi, non ? Personne voulait une répétition de la Première Guerre Mondiale, pas vrai ?

D'un côté, il y avait des participants qui étaient prêts à s'approcher de la guerre, mais qui croyaient toujours que personne n'en voulait. Ils avaient, pensaient-ils, donné à Hitler suffisamment de victoires diplomatiques. Tracer une ligne empêcherait une guerre de réellement commencer. De l'autre côté, il y avait des participants convaincus que la guerre, elle était inévitable, préférable au statu quo et nécessaire pour garantir un "espace vital" manifestement destiné. De plus, les politiciens britanniques et français, ils avaient capitulé quand leurs cartes étaient fortes. Pourquoi est-ce qu'ils ne capituleraient pas quand leurs cartes, elles étaient faibles ? Aucun n'était en mesure d'aider la Pologne militairement.

Si c'était pas le cas, cependant, l'Allemagne, elle risquait une guerre sur sa frontière occidentale. Et c'est pour cette raison qu'Hitler, il s'est intéressé à une alliance, temporaire, avec Staline et l'Union Soviétique.

Au fil des années, même tout en poursuivant un "Front populaire" et une "sécurité collective" parmi les États non fascistes pour contrer le fascisme au milieu des années trente, Staline, il avait tendu des perches à Hitler. Hitler, il était pas intéressé. Hitler, il s'est intéressé à un accord avec Staline seulement en mille neuf cent trente-neuf, quand il a reconnu à quel point la neutralité soviétique, elle serait utile pour sa conquête de la Pologne. Ou au moins la moitié, pour l'instant. Lui et Staline, ils ont convenu de diviser la Pologne en deux au niveau du fleuve Bug. De plus, l'Union Soviétique, elle a reçu le feu vert de l'Allemagne pour annexer les trois républiques baltes de Lituanie, de Lettonie et d'Estonie.

Staline, il avait fait la mère de toutes les erreurs de calcul. Le pacte, il a permis à Hitler de mener trois guerres sur un seul front successivement. Une contre la Pologne, une contre la Grande-Bretagne et la France, et puis une contre l'Union Soviétique. C'est de justesse que l'Union Soviétique, elle a survécu jusqu'à ce que les États-Unis, ils entrent en guerre. Les usines et le soutien logistique américains, ils ont permis à l'Armée Rouge soviétique de rester nourrie, alimentée, sur roues et en mouvement. Et l'armée de terre et l'armée de l'air américaines, elles ont permis à une force anglo-américaine de rentrer dans les principaux théâtres de la guerre. Il aurait été bien mieux pour l'Union Soviétique de combattre l'Allemagne en mille neuf cent trente-neuf, avec de puissants alliés britanniques et français déployant des armées sur le continent, que d'affronter l'attention exclusive de l'Allemagne en mille neuf cent quarante et un, mille neuf cent quarante-deux et la première moitié de mille neuf cent quarante-trois.

C'est toujours difficile de comprendre Staline, ou même quoi que ce soit sur l'Union Soviétique dirigée par Staline. Churchill, il avait dit : "Une énigme enveloppée dans un mystère à l'intérieur d'une énigme". On peut cependant deviner ce qui se passait dans les pensées du Kremlin à Moscou :

Q : Qu'est-ce qu'Hitler, camarade ?

R : Hitler est un outil des capitalistes, camarade.

Q : Pourquoi est-ce qu'Hitler pourrait souhaiter mener une guerre agressive contre l'Union Soviétique, camarade ?

R : Pour avoir un accès bon marché à nos matières premières, camarade, afin que ses bailleurs de fonds capitalistes puissent gagner des profits plus élevés.

Q : Alors, que se passe-t-il si on lui offre autant de nos matières premières que possible à un prix incroyablement bas, camarade ?

R : Alors, il ne cherchera pas à nous envahir, camarade. Il n'aura aucune raison de le faire.

Q : Que se passera-t-il alors, camarade ?

R : Ce qui se passe toujours au stade suprême du capitalisme, camarade. Les grandes puissances capitalistes, elles deviennent impérialistes, et puis, elles se battent des guerres terribles pour les marchés.

Q : Correct. Et après la fin de la guerre ?

R : On fera ce qu'on a fait à la fin de la Première Guerre Mondiale, camarade. On entre et on élargit le camp socialiste.

Q : Par conséquent, notre objectif, camarade, c'est ?

R : D'apaiser Hitler en lui fournissant toutes les matières premières qu'il veut. Et puis, d'attendre notre heure, camarade.

Peut-être que Staline, il avait tort d'anticiper une répétition de la Première Guerre Mondiale, une guerre de tranchées qui mènerait à une impasse prolongée sur la frontière franco-allemande, pendant laquelle une autre génération de jeunes hommes serait massacrée, un autre ensemble de pays bourgeois s'épuiseraient et un autre groupe de pays deviendraient mûrs pour une révolution communiste menée par Moscou. Ce qui est certain, c'est que Staline, il n'a pas reconnu le danger d'une alliance, même temporaire, avec Hitler.

D'un côté, il y avait des participants convaincus que les nations capitalistes de marché étaient vouées à se concurrencer violemment entre elles et à échouer, ce qui allait finalement accélérer l'arrivée d'un paradis prolétarien. De l'autre côté, il y avait des participants convaincus qu'un complot judéo-bolchevique était une menace existentielle qui se dressait entre eux et la terre destinée à devenir leur grenier à blé.

En septembre mille neuf cent trente-neuf, Hitler et Staline, ils ont fait avancer leurs armées et ils ont partagé la Pologne.

Et il s'est avéré que la Grande-Bretagne et la France, elles ne bluffaient pas.

Elles ont respecté leurs engagements. Hitler et l'armée nazie, ils ont attaqué les Polonais à l'aube le premier septembre. Cet après-midi-là, le Premier ministre britannique, Neville Chamberlain, il a invité son principal critique, Winston Churchill, à rejoindre le cabinet de guerre. Puis, il a ignoré Churchill pendant deux jours entiers. Je pense pas que qui que ce soit en vie connaisse le processus décisionnel, mais cinquante heures après l'attaque nazie, à neuf heures du matin le trois septembre, le gouvernement britannique, il a exigé que l'armée allemande se retire de Pologne. Et à onze heures du matin, la Grande-Bretagne, elle a déclaré la guerre. La France a suivi. Mais leurs forces, elles étaient pas prêtes et elles étaient loin de la Pologne, qui est tombée aux mains d'Hitler et de Staline en un mois.

Et même si elles avaient pas bluffé, elles s'étaient pas vraiment préparées non plus. Elles avaient aucun plan pour mener une guerre contre l'Allemagne. Et elles en ont pas élaboré. Et donc, pendant huit mois après la chute de la Pologne, tout a été calme sur le front occidental.

C'est courant de condamner Chamberlain et Daladier et les autres politiciens qui ont dirigé la Grande-Bretagne et la France dans les années trente pour leurs actions et leurs inactions. Ils avaient pas détruit Hitler quand il était faible. Ils avaient pas préparé leurs pays à combattre Hitler quand il était fort. Ils avaient même pas construit une grande alliance, faisant appel aux États-Unis et à l'Union Soviétique dans une coalition antifasciste. Que toutes les preuves suggèrent que les décideurs des deux pays ne souhaitaient pas être ainsi enrôlés, ça n'annule pas l'échec de ne pas avoir pris la peine d'essayer.

Mais il y a un autre point de vue. Seul un pays ayant une frontière terrestre avec l'Allemagne nazie, la France de Daladier, lui a déclaré la guerre. Tous les autres ont attendu qu'Hitler, il leur déclare la guerre, ou, le plus souvent, qu'il les attaque, tout simplement. Dans le cas de la Russie de Staline, le fait d'être attaqué avait été précédé par la signature, et le respect, pour la plupart, d'un pacte de non-agression par les Soviétiques. Un seul autre pays dans les années trente, bien qu'il n'ait pas de frontière terrestre avec l'Allemagne nazie, lui a jamais déclaré la guerre. Ce pays, c'était la Grande-Bretagne de Chamberlain. Certes, les Britanniques, ils ont déclaré la guerre seulement quand ils ont vu qu'il y avait pas d'autre option, et qu'ils ont pensé, correctement, que leur survie politique était en jeu. Et ils avaient aucune idée de comment mener la guerre qu'ils déclaraient. Mais ils étaient prêts à mettre leur empire et son peuple en danger pour tenter d'éradiquer la plus grande tyrannie que le monde ait jamais connue. Ayez une pensée pour la vertu limitée qu'Édouard Daladier et Neville Chamberlain, ils ont manifestée. C'était plus que quiconque.

Leur vertu n'a pas été récompensée.

En six semaines à partir du dix mai mille neuf cent quarante, la France, elle est tombée. Les nazis, ils ont ensuite imposé la capitulation de la France et ils ont chassé l'armée britannique du continent au port de Dunkerque, où elle a laissé tout son équipement derrière elle. À la surprise de tous, cependant, la Grande-Bretagne, alors dirigée par Winston Churchill, elle n'a pas négocié la paix. Elle a continué à se battre, défiant Hitler d'essayer une invasion à travers la Manche. Hitler n'a pas essayé. Il a envoyé des flottes de bombardiers de jour en mille neuf cent quarante, et ensuite, il a envoyé des flottes de bombardiers de nuit. Il a financé de manière agressive le programme de construction de fusées de Wernher von Braun, produisant la série "V" d'armes de terreur et de vengeance en mille neuf cent quarante-quatre.

Mais après la chute de la France, il a tourné ses armées vers l'est, comme il avait toujours eu l'intention de le faire. Le vingt-deux juin mille neuf cent quarante et un, Hitler, il a lancé l'armée nazie contre l'Union Soviétique. Mais il n'avait pas entièrement mobilisé l'économie et la société pour une guerre totale. Il a attaqué avec ce qu'il avait sous la main.

Le premier réflexe de Staline, ça a été de dire à ses troupes de pas riposter, de peur de "provoquer" les nazis. Du coup, l'armée de l'air soviétique, elle a été détruite au sol le premier jour de la guerre. Et les armées soviétiques à la frontière, elles sont mortes, ou elles ont été faites prisonnières, là où elles se trouvaient. Les vices de Staline, ils ont coûté cher.

Staline, il avait purgé et re-purgé l'armée de tous ceux qu'il pensait être une menace. Il avait construit un système dans lequel être le porteur de mauvaises nouvelles, c'était une démarche qui mettait la carrière, et souvent la vie, en danger. Quand les nazis, ils ont attaqué, l'Armée Rouge, elle s'est déployée en dehors des défenses qu'elle avait construites avant mille neuf cent trente-neuf. Elle avait pas encore entièrement déployé ses défenses pour la frontière après le partage de la Pologne. Et donc, l'URSS, elle a perdu une armée entière, aussi grande et aussi bien équipée, mais pas aussi bien entraînée ou compétente, que l'armée avec laquelle les nazis, ils avaient attaqué fin juin, juillet et début août mille neuf cent quarante et un dans les batailles autour de Riga, Brest-Litovsk, Lvov et ailleurs près de la frontière.

En août mille neuf cent quarante et un, cependant, les nazis, ils avaient dépassé leurs lignes de ravitaillement et ils ont marqué une pause dans leur avancée. Staline et le haut commandement de l'URSS, la Stavka, ils ont mal jugé la situation et ils ont perdu une deuxième armée, aussi grande et aussi bien équipée, mais pas aussi bien entraînée ou compétente, que l'armée avec laquelle les nazis, ils avaient attaqué fin août, septembre et début octobre dans les batailles autour de Smolensk et de Kiev, alors qu'ils essayaient d'avancer en contre-attaquant, refusant de se retirer. Ainsi, dans les quatre mois qui ont suivi l'invasion de la Russie par les nazis, près de quatre millions de soldats soviétiques, ils ont été capturés. Et les nazis, ils ont attaqué à nouveau. Le sept décembre mille neuf cent quarante et un, coïncidant avec l'entrée de l'Amérique dans la Seconde Guerre Mondiale, les armées nazies, elles étaient aux portes des villes de Leningrad, Moscou, Kharkov et Rostov, à une moyenne de mille kilomètres à l'est de la frontière nazi-soviétique de mille neuf cent quarante et un.

Mais l'URSS, elle avait une troisième armée, aussi grande, mais cette fois pas aussi bien équipée, que celle avec laquelle les nazis, ils avaient attaqué. Cette armée, elle a tenu bon, et elle a contre-attaqué, et elle a mené les batailles de l'automne et de l'hiver mille neuf cent quarante et un - mille neuf cent quarante-deux.

Quand les États-Unis, ils sont entrés dans la Seconde Guerre Mondiale, enfin, quand ils y ont été poussés, car, rappelez-vous, aucun pays, sauf la France de Daladier et la Grande-Bretagne de Chamberlain, n'est entré délibérément en guerre contre Hitler, le sept décembre mille neuf cent quarante et un, par le Kido Butai de la Marine impériale japonaise, sa force de frappe mobile de six grands porte-avions, et son attaque sur Pearl Harbor sur l'île hawaïenne d'Oahu, la guerre dans le Pacifique, elle était déjà dans sa cinquième année. Elle avait commencé avec l'invasion de la Chine par le Japon en mille neuf cent trente-sept.

La Seconde Guerre Mondiale en Europe, elle est difficile à imaginer sans la Première Guerre Mondiale. C'est le cas au niveau macro : la dévastation économique, politique et humaine de la Première Guerre Mondiale a déchiré le tissu de la stabilité et de la prospérité européennes. C'est aussi le cas au niveau micro : le cours normal en temps de paix des événements humains n'aurait jamais donné à Staline et à Hitler les opportunités qu'ils ont saisies. La même chose, c'était vrai de l'autre côté du globe. La Première Guerre Mondiale et la Grande Dépression, elles ont donné de puissants coups de pouce au Japon dans sa transition vers l'impérialisme.

La Première Guerre Mondiale, elle a été un puissant stimulant indirect de l'industrialisation japonaise. Pendant les hostilités, les exportations d'Europe vers l'Asie ont pratiquement cessé. Où est-ce que les pays d'Asie, ils devaient acheter les produits manufacturés qu'ils recevaient auparavant d'Europe ? L'Empire japonais en pleine croissance et en pleine industrialisation, c'était une source évidente. La production industrielle et les exportations de produits manufacturés du Japon, elles ont presque quadruplé pendant la Première Guerre Mondiale. La forte demande de produits japonais, elle a provoqué une inflation : les prix, ils ont plus que doublé pendant le conflit européen.

Après la guerre, les économies européennes, elles ont recommencé à exporter vers l'Asie, et les industries japonaises nouvellement agrandies, elles ont fait face à une forte concurrence. L'économie japonaise, elle a aussi été durement touchée par le désastreux tremblement de terre de Tokyo en mille neuf cent vingt-trois, dans lequel entre cinquante mille et cent mille personnes, elles sont mortes. Mais malgré tout ça, l'industrialisation japonaise, elle a continué. Dans les années vingt, l'industrie manufacturière, elle a dépassé l'agriculture en termes de produits à valeur ajoutée.

À l'origine, l'industrie manufacturière japonaise, elle s'appuyait, comme l'avaient fait les industries manufacturières dans d'autres pays, sur des jeunes femmes célibataires. Du point de vue des employeurs, le principal problème avec cette main-d'œuvre, c'était son manque d'expérience relatif et son taux de rotation élevé. Ainsi, pendant la première moitié du vingtième siècle, les fabricants japonais, ils ont travaillé à équilibrer leur pool de main-d'œuvre à court terme de travailleuses célibataires avec un groupe à plus long terme de travailleurs masculins expérimentés.

Ce qui a évolué, c'est ce qu'on appelle maintenant le "système d'emploi à vie". Les travailleurs japonais, ils étaient recrutés à la sortie de l'école, ou comme apprentis, et on leur promettait un emploi à vie, avec des augmentations de salaire, des soins médicaux et des avantages de retraite, en échange de services loyaux à l'entreprise. Il est possible que ce système d'emploi à vie, il ait prospéré au Japon parce qu'il correspondait bien à la société japonaise. Il est aussi possible qu'en évitant les récessions profondes, l'économie japonaise, elle ait évité des conditions qui auraient pu donner aux entreprises manufacturières une raison de licencier des travailleurs.

Les textiles de coton, la fabrication de meubles, les vêtements et un secteur industriel lourd relativement petit, c'étaient le cœur de l'économie japonaise dans les années trente. Ce secteur manufacturier moderne, il était dominé par les zaibatsu, des associations d'entreprises qui échangeaient des cadres, coopéraient, détenaient les actions les unes des autres et s'appuyaient sur les mêmes sociétés de banque et d'assurance pour le financement. La forme de capitalisme financier du Japon, elle semblait imiter celle de l'Allemagne dans une large mesure.

La Grande Dépression, elle est arrivée au Japon sous une forme atténuée en mille neuf cent trente. Ses exportations, en particulier de soie, elles ont chuté de manière spectaculaire. L'adhésion à l'étalon-or a exercé une pression qui a dégonflé l'économie japonaise. Le Japon, il a réagi en se détachant de l'étalon-or et en augmentant les dépenses publiques, en particulier les dépenses militaires. La Grande Dépression, elle a touché, mais pas assommé, l'économie japonaise. Plus important, peut-être, la Grande Dépression, elle a révélé que les puissances impérialistes européennes, elles étaient en crise.

Ainsi, en mille neuf cent trente et un, le gouvernement japonais, il est devenu expansionniste. L'extension de l'influence japonaise en Mandchourie, elle a été suivie d'une déclaration d'"indépendance" de la Mandchourie en tant qu'État client japonais du Mandchoukouo. L'expansion, elle a été suivie d'un réarmement. Le réarmement, il a été suivi d'une attaque à grande échelle contre la Chine en mille neuf cent trente-sept. Les commandes gouvernementales de matériel de guerre et de biens d'équipement pour construire des infrastructures en Mandchourie, elles ont donné un coup de pouce important à la production industrielle japonaise. Le Japon, il a adopté une économie de guerre à partir de mille neuf cent trente-sept, construisant des navires de guerre, des avions, des moteurs, des radios, des chars et des mitrailleuses.

Mais pour continuer sa guerre contre la Chine, il avait besoin de pétrole, qui devrait provenir soit des États-Unis, soit de ce qui allait devenir l'Indonésie, alors les Indes orientales néerlandaises. Le président Franklin Roosevelt, il était soucieux d'exercer toute la pression possible pour contenir l'expansion de l'Empire japonais. Ainsi, le vingt-cinq juillet mille neuf cent quarante et un, le lendemain du jour où l'armée japonaise a occupé la moitié sud de l'Indochine, Roosevelt, il a ordonné que tous les actifs financiers japonais connus aux États-Unis soient gelés.

Le gouvernement japonais, il a obtenu des licences bureaucratiques pour acheter du pétrole aux États-Unis et l'expédier au Japon. Mais comment est-ce qu'ils allaient payer ? Leurs actifs, ils étaient bloqués par le gel. Les demandes du gouvernement japonais de déblocage de fonds pour payer le pétrole, elles sont arrivées au bureau du secrétaire d'État adjoint Dean Acheson, mais rien n'en est jamais sorti. Bureaucratie ? Politique ? Et, si c'était une politique, de qui ? On sait pas si Roosevelt ou les ministères de l'Armée et de la Marine, ils ont jamais été informés avant le sept décembre que le gel des actifs, il s'était transformé en un embargo pétrolier de fait, un embargo qui s'étendait aussi au pétrole de ce qui est maintenant l'Indonésie, car les autorités coloniales néerlandaises, elles insistaient pour être payées en dollars.

Ainsi, les États-Unis, avec son gel des actifs, ils avaient essentiellement mis un embargo sur les exportations de pétrole vers le

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