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Alors, chapitre treize, hein… On va parler des rythmes du corps. C’est marrant, cette citation de Kerouac, là, sur le fait de sauter de rocher en rocher avec un sac lourd, sans jamais tomber. Il dit que c'est plus facile qu'il n'y paraît. Faut juste trouver le rythme, la danse quoi.
Et, euh, c’est vrai que pendant longtemps, boulot intellectuel et boulot physique, c'était un peu les meilleurs amis du monde, quoi. L'un allait avec l'autre. Le corps complétait l'esprit, l'esprit complétait le corps, à travers le travail, le repos, les loisirs. Il y avait une espèce de... de réciprocité, tu vois ?
Il y a un documentaire de la BBC, "The Life of Mammals" avec Sir David Attenborough, qui montre ça super bien. Dans un épisode, il suit les San du Kalahari pendant qu'ils chassent le kudu. Ils commencent par traquer l'animal pendant des heures, à un rythme modéré, en mode... en mode transe quoi, concentrés à fond. Et, à un moment, le taureau se sépare du troupeau et un chasseur, Karoha, se lance à sa poursuite. Soudain, plus de traces. Karoha s'arrête, essaie de comprendre, il réfléchit, quoi. Ses pensées et ses mouvements, le rythme de son esprit et la vitesse de son corps... c'est synchro, tu vois ? À chaque étape de la chasse. C'est vraiment... une danse, en fait.
Bon, après, on a commencé à séparer le corps et l'esprit, à grande échelle, avec les chaînes de montage. Le corps bossait, l'esprit dormait. Et puis, plus récemment, le travail intellectuel a fait l'inverse : l'esprit travaille, le corps dort. Et ça, ça prive l'esprit de plein de signaux qui venaient du corps, qui aidaient à... à le régler, quoi. Sans ces petites "tapes" de rappel, le cerveau doit se forcer pour être dans le bon état au bon moment, et il se trompe de "vitesse", quoi.
Donc, dans ce chapitre, on va voir comment les rythmes de ton corps influencent le fonctionnement de ton esprit. On va parler des mouvements de ton corps, et puis après, on parlera des mouvements de tes yeux.
Commençons par les mouvements du corps.
Le documentaire d'Attenborough nous montre à quel point le corps et l'esprit étaient liés avant l'ère industrielle. Et même si c'est moins flagrant aujourd'hui, cette alliance existe toujours chez le travailleur intellectuel moderne. C'est pour ça que quand ton esprit panique, ton corps panique aussi, tu vois ? Et on peut utiliser cette espèce de dialogue entre le corps et l'esprit pour... pour moduler son état mental, quoi.
Un des moyens par lesquels ton corps modifie ton esprit, c'est le système nerveux autonome. C'est un réseau de nerfs qui surveille tout ce que tu fais et qui ajuste ton corps en permanence aux exigences du monde extérieur. Il a deux "bras" principaux : un qui accélère (le système sympathique) et l'autre qui ralentit (le système parasympathique) la puissance et le rythme de ton corps. À chaque instant, le monde demande un peu plus ou un peu moins d'action, et les deux "bras" s'ajustent, quoi. Pense à un truc simple comme te lever et t'asseoir. Quand tu te lèves, ton corps doit travailler plus dur pour envoyer du sang à ton cerveau, donc le système autonome accélère. Quand tu t'assois, il a moins besoin de bosser, donc il ralentit.
En gros, ton état mental est lié à ton système nerveux autonome. C'est pour ça qu'il est impossible de rêvasser pendant un sprint, par exemple. Et c'est pour ça que s'étirer détend l'esprit.
Du coup, changer ton état autonome, ça change ton "vitesse mentale". Et comme ton état autonome change quand le monde te demande plus ou moins d'action physique, bah, tu peux changer ta "vitesse" en donnant plus ou moins de travail physique à ton corps.
Par exemple, le sport, en général.
N'importe quel exercice qui te fait bosser plus que d'habitude va augmenter ta "vitesse". Plus l'exercice est intense et long, plus l'effet est important. Et ta "vitesse" ne redescend pas tout de suite après l'effort, elle reste élevée pendant un moment. C'est pour ça qu'on se sent plus alerte après le sport, si on était mou avant. Faire du sport modéré pendant une demi-heure, ça améliore la vitesse de la pensée et les performances mentales en général pendant au moins une demi-heure après, on dirait. C'est pas mal, hein ?
Et cet effet du sport pourrait être super important pour les personnes qui souffrent de TDAH et d'autres troubles de l'attention. Certaines études ont montré un lien entre ces troubles et des problèmes de régulation de la "vitesse mentale". Le sport peut aider à entrer plus facilement dans un état d'attention concentrée. Dans une étude sur des adultes avec TDAH, trente minutes de vélo à intensité modérée ont amélioré l'attention et la vitesse de traitement de l'information pour le travail mental commencé dans les quarante minutes qui suivaient. Et un protocole similaire a aidé des personnes atteintes de TDAH à résister aux distractions et aux réactions impulsives.
Autre chose : la contraction musculaire.
En 1943, une étude de l'Université de Chicago a montré que les étudiants pouvaient améliorer leurs performances en arithmétique et en raisonnement simplement en contractant leurs muscles. Des recherches ont confirmé que le système nerveux autonome a tendance à accélérer quand on contracte les muscles, et la "vitesse mentale" augmente en même temps. Ça veut dire qu'on peut se sentir plus alerte et augmenter sa "vitesse" presque instantanément, au moins un peu, simplement en contractant ses muscles.
En 2020, une équipe de l'Université de Californie du Sud a montré que serrer une balle anti-stress pendant dix-huit secondes, relâcher pendant une minute, et répéter ça plusieurs fois, améliorait les performances à un test de concentration et de focalisation passé juste après.
Et, comme contracter les muscles accélère le système autonome, les relâcher après une contraction ou un étirement le ralentit. C'est le principe du hatha yoga, et de la relaxation musculaire progressive, où on contracte et on relâche les muscles de manière ordonnée.
Bon, parlons de la température du corps.
Le système nerveux autonome régule la température du corps, et il réagit quand la température centrale monte ou descend. C'est pour ça que le rythme cardiaque augmente dans un sauna chaud ou sous une douche glacée. Même si le sauna et la douche froide changent la température dans des directions opposées, les deux provoquent une réponse sympathique du système autonome, ce qui augmente la "vitesse mentale" et les niveaux de noradrénaline. Un petit "choc" de température va donc te réveiller, quoi. Une douche chaude ou froide peut te sortir d'un état de léthargie.
Le bain chaud, par contre, a un effet un peu différent avant d'aller dormir. Le fait de se refroidir après le bain peut ralentir ta "vitesse mentale" et t'aider à t'endormir.
Maintenant, parlons de la respiration.
Jacques Mayol a été la première personne à plonger à 100 mètres de profondeur sans respirer. À cette profondeur, la moindre excitation mentale peut augmenter ton besoin d'oxygène et... et te faire basculer de l'autre côté, quoi. Une des techniques qu'il utilisait, c'était la respiration yogique.
Respirer lentement, et surtout expirer longuement, ralentit la "vitesse mentale". Des chercheurs de Stanford ont trouvé qu'il y avait un lien direct entre une partie du cerveau impliquée dans la respiration (le complexe pré-Bötzinger) et un autre réseau de neurones. Quand tu ralentis l'un, tu ralentis l'autre aussi.
Respirer à un rythme d'environ dix secondes par respiration (cinq secondes d'inspiration et cinq secondes d'expiration) peut stimuler le nerf vague, une des branches "calmantes" du système nerveux autonome. Des recherches suggèrent que stimuler le nerf vague de cette façon pourrait directement mettre le cerveau en mode concentration. En pratique, ça veut dire que respirer à un rythme d'environ cinq ou six respirations par minute peut être utilisé pour rester concentré ou pour se reconcentrer rapidement quand le stress nous fait paniquer.
Bon, et puis il y a cet état un peu spécial, "calme alerte".
Être alerte et calme, c'est un peu contradictoire. Plus tu es détendu, moins tu es vigilant, et vice versa. Mais il y a un juste milieu où tu peux être à la fois super calme et super alerte. Une façon d'y arriver, en théorie, ce serait d'activer en même temps les deux "bras" du système nerveux autonome, celui qui accélère et celui qui ralentit. Il y a quelques indices que certaines activités pourraient faire ça.
Par exemple, les bains d'eau froide. Quand tu t'immerges dans l'eau froide, il y a deux réactions qui se produisent en même temps. Le réflexe de plongée ralentit la physiologie en activant la branche "calmante" du système nerveux autonome. Mais le choc de l'eau froide active aussi la branche qui accélère, ce qui provoque une réaction de "lutte ou fuite". Certains chercheurs pensent que ça crée une espèce de "confusion autonome" où les deux branches sont activées au maximum en même temps. C'est peut-être pour ça que certaines personnes se sentent à la fois super concentrées et super tranquilles après ce genre d'activité.
Le yoga chaud, comme le Bikram yoga, peut avoir un effet similaire. Le hatha yoga ralentit le système nerveux autonome grâce à des étirements, des relâchements et une respiration lente et contrôlée. Mais la chaleur (dans les studios de Bikram yoga, il fait 42 degrés) active la branche qui accélère, qui essaie de maintenir la température du corps. On se sent à la fois super alerte et super détendu après une séance, c'est un mélange bizarre qu'on ne ressent pas avec d'autres activités.
Bon, passons maintenant aux mouvements des yeux.
Souvent, on peut deviner l'état d'esprit de quelqu'un en regardant ses yeux.
Imagine un chasseur préhistorique entouré de dix paires d'yeux de lions. Son regard passerait d'une paire d'yeux à l'autre de manière erratique. Ce comportement enverrait un signal de danger à son cerveau et augmenterait sa "vitesse mentale". Si, par contre, ce même chasseur découvrait un arbuste bizarre qu'il n'avait jamais vu, son regard resterait fixé sur l'arbuste pendant un long moment, pendant qu'il l'étudie. Son esprit passerait en mode concentration.
Les mouvements des yeux sont liés à la "vitesse mentale" parce que la façon dont on regarde les choses influence la façon dont on y fait attention. On peut parfois se mettre en mode concentration intense ou en mode créativité en jouant avec son regard.
Par exemple, rétrécir son regard.
Quand on est anxieux ou excité, nos yeux bougent beaucoup. Mais quand on est concentré, ils restent immobiles. Du coup, forcer ses yeux à rester immobiles en fixant un petit point, ça améliore la concentration. C'est une technique utilisée dans des situations de haute pression, pour se calmer et se concentrer. Les méditants l'utilisent depuis longtemps.
Les chirurgiens, les snipers, les chasseurs, les joueurs de tennis qui fixent leur regard à moins de 3 degrés d'une cible et le maintiennent pendant seulement 100 millisecondes avant de viser sont plus performants que ceux qui ne le font pas. Comme l'écrit W. Timothy Gallwey dans "The Inner Game of Tennis", "La façon la plus efficace d'approfondir la concentration par la vue est de se concentrer sur quelque chose de subtil, de difficile à percevoir. C'est facile de voir la balle, mais pas si facile de remarquer le motif exact formé par ses coutures pendant qu'elle tourne... Le motif... est si subtil qu'il a tendance à absorber complètement l'esprit."
Les chirurgiens, surtout les microchirurgiens, doivent faire attention à ne pas trembler. Si leur niveau de stress devient trop élevé, ça affecte leur contrôle et leur capacité à faire des nœuds. La technique du "Quiet Eye" semble aider à éviter ça.
Si tu es déjà concentré, forcer tes yeux à rester sur une cible ne changera pas grand-chose. Mais si tu es anxieux et que tu sens que tu perds le contrôle, cette pratique peut t'aider à te recentrer.
A l'inverse, on peut élargir son regard.
Quand on se concentre sur quelque chose, on a tendance à ne pas remarquer ce qui se passe autour. Certaines recherches suggèrent que forcer son attention sur une zone plus large du champ de vision peut favoriser la créativité. C'est un peu l'opposé de la technique du "Quiet Eye". Quand le cerveau enregistre des informations à la périphérie du champ de vision, il fait la même chose avec les idées à la périphérie de l'esprit. Si on élargit son champ mental pour pouvoir garder plus d'idées à l'esprit en même temps, on a plus de chances de faire des liens qu'on n'avait pas vus avant.
Certaines recherches suggèrent même que les expressions faciales peuvent influencer la créativité. Dans une expérience, les participants qui devaient lever les sourcils en essayant de trouver de nouvelles utilisations pour une paire de ciseaux ont eu plus d'idées originales que ceux qui devaient froncer les sourcils ! Les chercheurs pensent que froncer les sourcils rétrécit le champ d'attention, et que lever les sourcils l'élargit. C'est peut-être pour ça qu'on lève les yeux d'étonnement : ça nous aiderait à penser de manière plus créative pour nous adapter à une situation nouvelle ou inattendue.
Ensuite, on peut détacher son regard.
Parfois, se concentrer trop intensément sur son travail n'est pas utile. On est tellement pris dedans qu'on ne voit plus la forêt. Prendre du recul peut aider à gagner en perspective.
Une façon de relâcher la concentration, c'est de détacher son regard. Et le plus simple, c'est de fermer les yeux.
Les paupières sont comme des rideaux. Les fermer bloque toutes les distractions du monde extérieur. Quand les yeux sont fermés, l'attention se tourne vers l'intérieur, et il devient plus facile de se souvenir de quelque chose ou de résoudre un problème dans sa tête. C'est pour ça qu'on ferme souvent les yeux quand on est en pleine réflexion ou sur le point d'avoir une idée géniale. Si un problème au travail t'agite, tu peux calmer ton angoisse en l'imaginant dans ta tête, les yeux fermés, au lieu de le regarder sur un écran. Ça diminue l'intensité du problème et te donne une perspective.
Une autre façon de détacher son attention, c'est de "regarder le vide". Les murs blancs et les espaces vides rendent le monde extérieur trop ennuyeux pour qu'on y fasse attention. L'attention se relâche et vagabonde.
Toute situation où il n'y a rien de particulier à regarder peut aider l'esprit à vagabonder. Les réunions ennuyeuses, les longues douches, faire la vaisselle... Quand on marche ou qu'on fait du jogging, le monde bouge autour de nous. L'attention ne peut pas se fixer sur une cible et se promène, ce qui peut provoquer des moments d'illumination.
Détacher brièvement son attention peut aider de trois façons :
Ça fait table rase pour qu'on puisse se dégager d'un problème, le voir avec un regard neuf et prendre du recul.
Ça donne à l'esprit la chance de se reposer et de se recharger.
Ça libère l'attention pour qu'elle puisse être réaffectée à une autre tâche, ou pour vagabonder à la recherche d'idées créatives.
Ce dernier point est important dans un environnement de travail où il faut souvent interrompre ce qu'on fait et passer à autre chose. Si l'attention est complètement absorbée par ce qu'on fait, il est difficile de la déplacer instantanément sur une nouvelle cible. Mais si on relâche son attention avant d'essayer de la déplacer, elle se déplace beaucoup plus facilement. C'est comme changer de vitesse dans une voiture manuelle. Il faut mettre le levier au point mort avant de passer à une autre vitesse.
On peut détacher son regard sans sortir de son niveau de concentration.
Quand on relâche son attention trop longtemps, en fermant les yeux ou en "regardant le vide", on risque de se détendre au point de perdre sa capacité à se concentrer. Une façon de détacher son attention sans perdre son niveau de concentration, c'est d'utiliser un signal pour rester alerte pendant que l'esprit vagabonde. Une des stratégies les plus efficaces, c'est de marcher.
La marche crée un état mental unique. Elle permet à l'attention de flotter tout en te gardant dans un certain état de concentration. Pour trois raisons :
D'abord, marcher te maintient alerte, mais pas trop. Courir peut t'amener à un niveau de stress qui bloque la créativité, mais marcher, en général, ne te fait pas dépasser un certain seuil. C'est peut-être pour ça qu'il y a plus d'histoires de gens qui ont des idées en marchant qu'en courant.
Ensuite, quand tu marches, le monde défile assez lentement pour que tu puisses le regarder, mais trop vite pour que tu puisses fixer ton regard dessus. Tu y fais attention, mais ça ne peut pas te retenir. Quand ton attention se tourne vers l'intérieur, tu peux réfléchir à un problème, mais tu ne peux pas t'y plonger complètement parce que tu dois quand même diriger ton attention vers l'extérieur de temps en temps, pour marcher. Ça t'oblige à garder une vue d'ensemble du problème et à renouveler ta perspective.
Enfin, quand tu bouges par rapport au monde qui t'entoure, ton cerveau traite plus d'informations visuelles provenant de la périphérie de ton champ de vision, ce qui peut élargir ton champ d'attention.
L'endroit où tu marches est important. Marcher sur un tapis roulant où le monde autour de toi est fixe n'élargit pas ton champ d'attention comme marcher sur une surface normale. La façon dont tu marches compte aussi. Plus tu es retenu, plus ton attention se rétrécit. Marcher de manière retenue, en suivant un itinéraire précis, n'améliore pas la pensée créative autant que marcher de manière libre.
Curieusement, cet effet de "retenue" s'applique aux mouvements du corps en général. Si tu es assis de manière retenue et que tu dois fixer ton regard, tes résultats en matière de créativité seront moins bons que si tu es assis comme tu as envie d'être assis. Ça s'applique même aux mouvements des mains. Bouger les mains librement (gribouiller, par exemple) augmente les scores aux tests de créativité, alors que tracer des lignes droites ne le fait pas.
Bon, parlons des stimulants.
Le thé et le café sont parmi les outils les plus populaires pour se sentir alerte et concentré. Ils contiennent de la caféine, qui augmente le niveau de concentration.
On raconte que la pause-café est née dans une entreprise de cravates du Colorado, quand ils se sont rendus compte que les employés qui prenaient une pause de dix ou quinze minutes pour boire du café le matin et l'après-midi travaillaient plus vite et augmentaient les revenus de l'entreprise. Ce n'est pas un hasard si la popularité du café a augmenté en même temps que le rythme de la révolution industrielle. Une fois que le travail manuel à la chaîne est devenu du travail intellectuel à la chaîne, le café a continué à faire tourner les usines de l'esprit, comme le prouve la présence de cafés dans les centres de travail intellectuel du monde entier.
La caféine augmente le niveau de concentration et peut amplifier l'effet d'autres événements qui augmentent ce niveau, comme le stress et l'exercice. Prendre de la caféine avant de faire du sport peut provoquer une plus grande réaction et prolonger la période pendant laquelle ce niveau reste élevé. On peut utiliser ce dialogue caféine-exercice pour retarder un effondrement dû à l'ennui ou simplement pour se mettre dans le bon état mental pour travailler.
La caféine peut t'aider à te concentrer si tu es fatigué, mais si tu es déjà concentré, elle rendra la concentration plus difficile et ta capacité à filtrer le bruit sera diminuée. Dans ce cas, tu seras alerte mais distrait. Tu travailleras peut-être plus vite, mais tu feras plus d'erreurs, surtout dans un travail qui demande de la réflexion. Ces effets peuvent être imprévisibles si tu bois du café régulièrement.
L'effet de la caféine sur la créativité et la résolution de problèmes est complexe. Elle t'aide à rassembler des éléments disparates en une seule explication, mais elle ne t'aide pas à sortir des sentiers battus ou à avoir des idées originales, pour lesquelles ton esprit a besoin de vagabonder. Dans une expérience, 200 milligrammes de caféine (environ une tasse de café) ont amélioré la capacité à résoudre des problèmes de manière convergente, mais n'ont pas amélioré la pensée divergente ni la mémoire de travail. La caféine pousse ton niveau de concentration vers le haut, ce qui peut rendre plus difficile le retour à un état d'esprit moins énergique.
La caféine est utile dans les professions où le manque de sommeil est courant et où le risque de baisse de vigilance est élevé. Des militaires qui ont pris 200 milligrammes de caféine quatre fois par jour (deux fois le soir et deux fois le matin) pendant trois jours sans dormir ont eu des temps de réaction plus rapides et ont été plus vigilants que ceux qui ont pris un placebo. Mais cette quantité de caféine n'est pas recommandée pour le travailleur intellectuel typique.
La plupart des stimulants, comme ceux prescrits aux personnes atteintes de troubles de l'attention, augmentent le niveau de concentration. Ils facilitent le travail si tu es fatigué, mais la qualité de tes pensées n'est peut-être pas optimale. Et même s'ils te font sentir plus alerte et moins fatigué, au moins temporairement, ils ne suppriment pas la fatigue. Ils n'améliorent pas tes ressources mentales si tu es épuisé. Ils augmentent ton niveau de concentration, ce qui fait que tes performances ne correspondent pas à ton niveau de fatigue. C'est comme ça que ton niveau reste élevé malgré la fatigue.
En empêchant ton cerveau de te faire ralentir quand tu es fatigué, les stimulants peuvent bloquer ta descente vers un état de repos à la fin de la journée, ce qui peut provoquer de l'insomnie.