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Calculating...

Bon, alors, on va parler de... comment dire... du "flow," quoi. Vous voyez, ce truc où on est tellement absorbé par ce qu'on fait que le reste disparaît complètement? Le temps, l'environnement, tout ça... pouf! Plus là.

Il y a un psychologue hongrois, Mihaly Csikszentmihalyi, un nom à coucher dehors, hein?, qui a étudié ça. Il s'est rendu compte que quand on est dans cet état de flow, il se passe des choses assez paradoxales. D'un côté, on a l'impression de fournir moins d'efforts, que le travail est plus facile, plus léger. Et de l'autre, ben, on est plus performant! C'est comme si, au lieu de nous vider de notre énergie, ce travail la rechargeait.

En gros, pour entrer dans le flow, il faut un défi, quelque chose qui nous pousse à utiliser nos compétences, à les étirer un peu. Et il faut aussi un feedback immédiat, clair, qui nous dit qu'on a réussi à relever ce défi, une sorte de petite récompense, quoi. C'est cette satisfaction de surmonter l'obstacle qui nous donne envie de recommencer.

Imaginez une course d'obstacles, vous voyez le truc? Chaque obstacle est un défi, et après chaque obstacle franchi, on a une petite dose de satisfaction, un petit "prix" pour nos efforts. Cette tension, cet effort, puis ce soulagement, ce plaisir... ça crée un cycle, un rythme, un peu comme une danse.

Dans le monde du travail, surtout le travail intellectuel, le flow, c'est un peu comme un super-pouvoir. Normalement, se concentrer à fond pendant des heures, c'est épuisant. Mais quand on est dans le flow, cet effort devient... presque automatique, naturel. On se demande comment c'est possible de faire autant, avec autant de facilité, et pendant si longtemps.

En 2009, un professeur de neurosciences, René Weber, avec des collègues, a proposé une théorie basée sur une caractéristique incroyable du cerveau: son rythme. Le cerveau, c'est un peu comme un ensemble de pendules, vous voyez? Des grands, des petits, des rapides, des lents... La mémoire, l'attention, l'apprentissage, tout ça dépend de ces pendules qui vibrent, qui se propagent à travers le cerveau.

Et les pendules, ils ont une propriété intéressante: si vous en suspendez deux côte à côte, ils finissent par se synchroniser. Pensez à un public qui applaudit à la fin d'un spectacle. Au début, c'est chaotique, chacun applaudit à son rythme. Et puis, d'un coup, sans qu'on sache trop comment, tout le monde se met à applaudir en même temps, de manière synchrone.

Et c'est là que la théorie de Weber intervient. Quand on se concentre pour surmonter un défi, les zones du cerveau responsables de l'attention se mettent à fonctionner à plein régime. Et quand on reçoit un feedback positif, les zones du cerveau responsables de la récompense s'activent aussi. Au début, ces deux zones fonctionnent à leur propre rythme, mais à force de défis et de récompenses, elles finissent par se synchroniser, comme les mains qui applaudissent. Et c'est à ce moment-là qu'on entre dans le flow.

Quand des choses se synchronisent, elles deviennent plus efficaces. Repensez aux applaudissements du public: quand tout le monde applaudit en même temps, le volume sonore augmente, non? C'est le même effort, mais avec un résultat plus important.

De la même manière, quand les zones du cerveau responsables de l'attention et de la récompense se synchronisent, elles deviennent plus efficaces. C'est pour ça qu'on a besoin de moins d'efforts pour faire la même quantité de travail quand on est dans le flow. Imaginez un jongleur avec des assiettes chinoises. C'est dur de tenir une assiette en équilibre sur son pied, sur son nez, sur chaque main. Mais si le jongleur arrive à faire tourner toutes les assiettes en même temps, en synchronisation, ben, c'est beaucoup plus facile de les maintenir en équilibre.

Donc, pour résumer, le flow, c'est un peu comme un interrupteur dans notre cerveau qui nous transforme en machine auto-propulsée, qui prend plaisir à s'améliorer, à se dépasser. C'est un outil incroyable pour réussir, surtout dans un monde du travail en constante évolution.

Mais attention, il y a des conditions pour que le flow se manifeste. Il faut: un défi stimulant, des objectifs clairs, des compétences adaptées au défi (pas trop faciles, pas trop difficiles), un feedback immédiat et clair, et surtout... l'envie de surmonter ce défi, encore et encore.

Prenons l'exemple du jeu Tetris, un grand classique. Quand une pièce apparaît à l'écran, c'est un défi. On est soulagé quand on arrive à la placer correctement. Et ce plaisir nous donne envie de continuer, de jouer encore. Le jeu est conçu pour nous pousser à nous dépasser, et plus on s'améliore, plus il devient difficile. Les pièces tombent de plus en plus vite, et on finit par être complètement absorbé, comme hypnotisé... on est dans le flow!

Ce cycle de défi et de récompense peut se dérouler sur différentes échelles de temps. Si vous créez un nouveau design pour un produit, par exemple, le défi final, c'est d'arriver au design final. Mais à chaque fois que vous avez une idée, vous ressentez une petite satisfaction, un petit moment de résolution.

On retrouve ce schéma dans plein de domaines différents. En programmation, par exemple, le code à écrire peut être divisé en segments, et chaque segment devient un défi. Quand le code fonctionne, on passe au segment suivant, et ça entretient ce cycle de défi et de récompense. Dans le domaine artistique, les artistes, les écrivains, les musiciens sont souvent tourmentés par une idée qu'ils n'arrivent pas à concrétiser. Et à chaque fois qu'ils avancent, qu'ils créent quelque chose, ils ressentent un soulagement temporaire, jusqu'au prochain défi.

Même chose pour le design, l'apprentissage... Les cours en ligne utilisent souvent ce principe, en adaptant la difficulté des exercices en fonction des résultats. Et de plus en plus, on utilise des techniques de "gamification" au travail pour rendre les tâches plus intéressantes, plus motivantes. Par exemple, si vous devez ranger des étagères dans un entrepôt, votre travail sera tout de suite plus stimulant si vous vous mesurez à un collègue. Ou si vous avez un "tracker" qui vous donne des badges à chaque fois que vous avez rangé un certain nombre d'articles. Ça peut paraître un peu bête, mais ça fonctionne!

Mais attention, il ne suffit pas de mettre des badges partout pour créer du flow. Il faut que ces badges soient remis au bon moment, juste après avoir surmonté un défi. C'est ça qui renforce le lien entre l'effort et la récompense, et qui stimule la motivation.

Alors, comment créer un environnement de travail qui favorise la motivation et le flow?

Déjà, il faut donner aux gens la possibilité d'agir, de choisir leurs tâches, leur rythme de travail. Les récompenses matérielles, les primes, tout ça, c'est bien, mais ça peut aussi nuire à la motivation intrinsèque. Si vous faites quelque chose uniquement pour gagner de l'argent, vous risquez d'oublier le plaisir que vous pouvez trouver dans le travail lui-même. Le plaisir est dans le processus, pas dans le résultat.

Voici quelques pistes pour créer un environnement de travail plus agréable:

1. Définir clairement les rôles de chacun, pour que les gens sachent à qui attribuer le mérite quand quelque chose est fait.
2. Donner à chacun une feuille de route claire, pour qu'ils sachent ce qu'on attend d'eux et comment s'y prendre.
3. Identifier les passions, les compétences et les objectifs personnels de chacun, et déléguer les tâches en conséquence.
4. Reconnaître l'effort, même si le résultat n'est pas à la hauteur.
5. Cultiver une culture de l'équité. Quand les récompenses sont distribuées de manière injuste, les gens perdent la motivation.
6. Surveiller de près la fatigue, l'ennui et le stress. Tout ça peut vous sortir de l'état de flow.

En fait, ce qui ressort de tout ça, c'est que la motivation naît de l'exploration, de l'expansion vers l'inconnu. Le flow, c'est quand on étire nos compétences. L'apprentissage, c'est quand on apprend ce qu'on ne sait pas encore.

Cette tension qu'on ressent face à l'incertitude, quand on se lance dans un défi, c'est le signe que notre cerveau est en train de se préparer à apprendre de nouvelles choses, à se connecter différemment. C'est peut-être pour ça qu'on a parfois l'impression de "se sentir vivant" dans ces moments-là. C'est l'excitation de se confronter à l'inconnu, de faire un pas vers l'avant.

On a peut-être évolué pour ressentir ce plaisir parce que cette envie de découvrir, d'apprendre, de progresser nous a permis de survivre, de nous adapter aux changements. C'est ce qui a sauvé nos ancêtres, et c'est ce qui nous a permis d'arriver là où on est aujourd'hui. Voilà, voilà!

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