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Calculating...

Alors, euh… on va parler un peu de transcendance, quoi. Disons, accepter les imprévus, les rebondissements de la vie, tu vois?

Alors, il y a ce truc avec la religion, la spiritualité. Et là, tu te dis peut-être: "Oh là là, moi la religion, ça ne m'intéresse pas du tout", ou "la spiritualité, encore moins!". Ok, ok, je comprends. Faut pas se forcer à adhérer à un truc qui ne te parle pas, hein!

Mais, l'attention bienveillante, l'acceptation et une espèce de révérence pour le mystère… Moi, ce sont des idéaux que je poursuis, tu vois? Et ça guide pas mal de monde vers… ben, vers le fait d'être plus à l'aise avec l'idée qu'on est petit, qu'on est une petite chose, quoi. Comment? Ben, en comprenant qu'on fait partie de quelque chose de beaucoup plus grand que ce qu'on imagine. On a besoin de pratiques qui nous enracinent dans ces idéaux, qui nous aident à y revenir, tu vois, à se recentrer, même si on n'appelle pas ça "spirituel". Il faut aussi apprendre à… ben, à trouver le bon vocabulaire pour comprendre notre place dans l'histoire, dans ce truc plus vaste.

Notre univers est tellement mystérieux, hein! Même les plus grands penseurs, genre Stephen Hawking ou Albert Einstein, ils n'ont pas réussi à comprendre tous les mécanismes intimes. Mais Einstein, lui, il était convaincu, en étudiant la gravité et l'électromagnétisme, que les humains sont fondamentalement connectés à quelque chose d'infini. C'est fou, hein?

Il a même écrit à un père new-yorkais, dévasté par la mort de son fils de onze ans, emporté par la polio. Il lui disait: "Un être humain fait partie d'un tout, que nous appelons 'Univers', une partie limitée dans le temps et dans l'espace. Il se perçoit lui-même, ses pensées et ses sentiments comme quelque chose de séparé du reste – une sorte d'illusion d'optique de sa conscience. L'effort pour se libérer de cette illusion est… le chemin pour atteindre la mesure atteignable de la paix de l'esprit." C'est beau, non?

Réaliser qu'on est des minuscules grains de sable dans cet univers, ça peut déstabiliser l'ego, le faire crier pour qu'on s'occupe de lui. Sauf si, justement, cette réalisation nous force aussi à voir qu'on est inextricablement liés à un grand réseau de choses vivantes, unis par notre souffrance et par notre valeur intrinsèque.

Croire en quelque chose de plus grand que soi, ça ne demande pas forcément d'aller à la messe tous les dimanches ou de faire de la méditation tous les jours, hein! Si c'est ce qui te convient, vas-y, fonce! Moi, personnellement, les enseignements bouddhistes, ça a toujours résonné en moi. Mais bon, je n'ai pas mis les pieds dans une église depuis… pfiou… depuis que j'étais gamin.

Si tu cherches quelque chose de plus grand, commence par faire attention aux bonnes choses, quoi, la "bonne attention", comme diraient les bouddhistes. Ou l'attention bienveillante, tu vois? Accepte le monde autour de toi et apprends à vivre en paix dedans. Dirige de la gentillesse et de l'acceptation vers ceux qui t'entourent, et surtout, le plus important: envers toi-même.

La sérénité d'accepter ce qu'on ne peut pas changer.

Quelles pratiques on peut utiliser quand les choses ne se passent pas comme on l'avait prévu? Quand les attentes et la réalité divergent, comment on peut accepter, au lieu de résister, les rebondissements inévitables que la vie nous réserve? Histoire d'être plus en paix et mieux équipé pour s'adapter aux circonstances, quoi.

Un ami me racontait qu'à une réunion des Alcooliques Anonymes, un membre régulier, Eric, a reçu sa médaille des trente ans, tu vois? Il a expliqué qu'il s'était appuyé sur sa "puissance supérieure" pour rester sur le chemin de la sobriété. Alors, bon, les AA, c'est vrai que ça a des racines religieuses, mais leur vocabulaire autour de la "puissance supérieure", c'est volontairement vague. Ça n'a pas forcément des connotations spirituelles ou surnaturelles, hein! Certains préfèrent parler de "force supérieure à nous-mêmes". Dans le cas d'Eric, il parlait de son premier parrain, décédé il y a des années, d'une manière super respectueuse.

Et Eric, il racontait qu'il se souvenait d'une autre personne qui avait partagé son histoire, il y a des années. Il n'avait jamais oublié son parrain, qui l'avait aidé à se sentir visible, valorisé, en lui répétant sans cesse: "On va t'aimer jusqu'à ce que tu apprennes à t'aimer toi-même". Et là, Eric, il avait eu un choc, tu vois? Ces mots l'avaient sauvé. C'était pas des mots originaux, son parrain ne les avait pas inventés, mais il sentait sa présence dans la pièce, comme s'il était derrière lui. Et après, il s'est avéré que lui et l'autre personne avaient le même parrain! Il était à la fois super surpris et… pas du tout surpris. La sagesse de ce parrain, elle vit toujours, tu vois.

Un des fondateurs des AA, Bill Wilson, disait souvent que l'honnêteté l'avait mis sur le chemin de la sobriété, mais que l'acceptation, c'était ce qui l'avait gardé sobre. Dans chaque réunion des AA, les participants commencent par un moment de silence, parce que le silence, c'est sacré, hein. Ensuite, ils prient pour les alcooliques qui sont encore en train de boire. Et après, ils récitent ensemble – parce qu'une prière partagée, dite à voix haute, ça crée quelque chose de sacré – la prière de la sérénité: "Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d'accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer les choses que je peux, et la sagesse d'en connaître la différence."

Qu'est-ce qu'on peut changer? La seule chose sur laquelle on a du pouvoir, c'est nous-mêmes. On peut changer notre façon de penser, de ressentir et de se comporter. On n'a pas de pouvoir sur tout le reste. On peut essayer de persuader, de contraindre, d'inviter, de demander, supplier même! On peut essayer de faire des exigences verbalement, ou même physiquement, pour changer les autres ou les situations dans le monde. Mais en général, on doit vivre notre vie selon nos propres règles, et on n'a pas vraiment de contrôle sur la façon dont les autres vivent la leur. On espère obtenir ce qu'on veut, que nos attentes soient satisfaites, mais ce n'est pas toujours comme ça que ça se passe.

Allez, un petit plan d'action! On travaille sur notre capacité à accepter ce que la vie nous réserve. Ou mieux, on se rappelle que personne ne nous balance rien à la figure. On avance sur notre chemin, et on va croiser des bosses, c'est sûr. Ces bosses existent, que tu passes ou pas par là. Personne ne les a mises là pour te ralentir ou te faire dévier de ton chemin.

Tous les jours, on doit trouver comment être une bonne personne, quelle que soit la situation dans laquelle la vie nous met. On peut réagir aux surprises de la vie en se basant sur nos valeurs et nos principes les plus profonds, au lieu de réagir par peur, colère, ressentiment ou frustration.

Un jour, j'étais assis au milieu dans un avion, et la femme au hublot a fait une drôle de tête quand une jeune maman et son bébé se sont assis à côté de nous, côté couloir. J'ai rigolé et j'ai fait une blague, en disant qu'il fallait se préparer à chanter et faire des grimaces pendant les prochaines heures. Elle a levé les yeux au ciel et elle a dit: "Ça m'arrive toujours. J'ai toujours un enfant qui hurle à côté de moi, à chaque vol. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter ça."

Ce bébé qui pleurait à côté d'elle, c'était "sa" galère? Non! Ça ne lui arrivait pas "à elle", ça arrivait juste à côté d'elle. Et, bon sang, ce n'était pas personnel. Si on apprend à accepter les choses que la vie nous envoie (surtout celles qui sont bien plus difficiles qu'un bébé fatigué qui pleure à côté), avec calme et grâce, si on a confiance en une force supérieure qui nous rend capable de le faire, on pourra surmonter toutes sortes d'épreuves.

L'acceptation, c'est là que commence le voyage vers la spiritualité, vers l'acceptation qu'on est souvent à la merci de quelque chose de plus grand que nous.

L'acceptation commence par nous-mêmes.

Parmi les qualités divines ou sacrées qu'on peut manifester, on sait que l'acceptation est l'une des plus vertueuses. Mais si on n'accepte pas une grande partie de soi-même, comment on peut accepter les autres? Comme pour la compassion – sans compassion pour soi-même, c'est plus dur d'être compatissant envers les autres – l'acceptation doit commencer par nous.

Vous voulez savoir une des raisons pour lesquelles les gens qui s'épanouissent sont moins susceptibles de devenir dépressifs ou anxieux? Ça a tout à voir avec l'acceptation. On s'est aperçu que les gens qui s'épanouissent ont plus tendance à s'excuser. Et ils ont aussi des niveaux plus élevés d'auto-compassion.

Qui n'a jamais fait une connerie et blessé quelqu'un, surtout quelqu'un qu'on aime? Une des réactions possibles, c'est la honte. Mais le cerveau en mode "honte" – que la psychologue Mary Lamia décrit comme "une émotion cachée, contagieuse et dangereuse" – n'apprend pas de ses erreurs, il se punit. Mieux vaut être plus gentil avec soi-même. Personne n'est parfait, loin de là! Mais on mérite tous l'amour et l'appartenance, comme le dit Brené Brown. On peut réparer les choses – ou les améliorer – et apprendre en même temps, en disant qu'on est vraiment désolé, en s'excusant auprès de l'autre. Admettre qu'on a tort, qu'on est imparfait, qu'on réagit parfois en fonction de notre état émotionnel au lieu de choisir la meilleure façon de réagir à la situation.

La honte peut aussi surgir dans les moments de forte pression dans notre vie, dans notre carrière, avec des sentiments intenses de désespoir, de peur, de colère ou d'envie.

La méditation qui cultive la conscience bienveillante aide à "décontaminer" notre esprit. Le point de départ, c'est de devenir conscient de nos émotions et de nos pensées au fur et à mesure qu'elles apparaissent, sans les repousser, même si elles sont désagréables. Simplement nommer un sentiment et le laisser venir sans résister, ça peut déclencher des pensées paniquées, genre "c'est trop fort" ou "je ne vais pas y arriver". Quand on est habitué à laisser mijoter des pensées désagréables, sans nom, sans traiter, en arrière-plan, les accueillir au premier plan peut provoquer une vague de résistance.

L'attention bienveillante nous aide à ne plus percevoir les émotions difficiles comme des menaces ou des échecs personnels, mais plutôt comme des sources temporaires d'inconfort – qui ont souvent moins à voir avec le moment présent qu'avec le passé – qu'on peut traiter avec douceur. Ça réduit ce qui semble insurmontable. En se concentrant sur notre inspiration et notre expiration pour s'ancrer, on peut laisser la douleur et la compassion coexister. Nos réactions par défaut au stress sont profondément ancrées par des années de pratique, donc il faut peut-être une pratique de méditation régulière, voire quotidienne, pour défaire toute cette expérience vécue.

Les neuroscientifiques ont découvert que ce qu'on pratique se renforce dans notre cerveau. Si on pratique la honte, on se cache et on n'apprend pas de nos erreurs. Si on pratique l'auto-compassion, cette gentillesse envers nous-mêmes nous permet d'être vulnérables, d'être imparfaits, et de faire ce qu'on devrait tous faire plus souvent: s'excuser et apprendre de nos erreurs. Ça nous permet ensuite de construire de nouveaux schémas de réaction, d'être plus observateurs et moins réactifs, et d'être plus indulgents envers les imperfections des autres.

Shauna Shapiro, une psychologue qui étudie la compassion envers soi-même et envers les autres, a raconté sa propre lutte contre la honte et le doute de soi dans une conférence TEDx et dans un livre. Elle s'est rendu compte que simplement essayer d'être plus compatissante ne suffit pas. Elle peut, comme nous tous, être sévère envers ses propres manquements à la compassion.

Son professeur de méditation lui a conseillé de faire la chose suivante chaque matin, en se réveillant avec le cadeau d'un jour de plus à vivre: se regarder dans le miroir, poser sa main sur son cœur et dire: "Bonjour, Shauna, je t'aime". Elle a dit qu'elle avait du mal avec cette idée, qu'elle trouvait ça un peu trop… gênant. Mais au lieu de ne rien faire, elle a choisi de commencer petit, en disant simplement: "Bonjour, Shauna". À sa grande surprise, ça a commencé à marcher. Elle se sentait plus tendre et plus attentionnée envers elle-même. Elle a aussi commencé à devenir plus courageuse, et vers la fin de sa conférence TEDx, elle s'est tournée vers le public et elle a dit fièrement ces mots difficiles à prononcer: "Bonjour, Shauna, je t'aime".

Le silence intérieur

L'autre jour, j'étais au téléphone avec une chirurgienne, une collègue. Elle m'a raconté une histoire qui m'a scotché. Un de ses mentors est une des chirurgiennes en transplantation les plus renommées au monde. Elle approche de la retraite, mais pendant toute sa carrière, elle était connue pour son style… intense, disons, au bloc opératoire. Dans les moments de stress, elle hurlait régulièrement sur les internes, les infirmières et les techniciens. Elle avait très peu de patience pour les opinions des autres.

Son manque de compétences interpersonnelles, ça n'a pas très bien passé, comme me disait ma collègue en rigolant. Elle était autant craint que respectée. Malgré son talent évident et ses connaissances incroyables, elle n'était pas capable de fédérer une équipe pour qu'ils soient tous plus performants ensemble. Elle savait elle-même qu'elle ne rendait pas service à ses collègues ou à ses patients autant qu'elle le pourrait.

Le truc intéressant, c'est que son mari, qui est aussi chirurgien en transplantation, travaillait souvent à ses côtés. Ils faisaient des prélèvements sur donneurs vivants ensemble. Elle prélevait une partie du foie de la personne vivante, puis elle le passait à son mari, et lui l'implantait dans la personne qui avait un mauvais foie.

Un jour, il y a environ un an, il lui a posé une question bizarre: "Hé, qu'est-ce que tu fais de différent?"

Elle lui a dit: "Comment ça?"

"Ben, tu sais, tu es la meilleure, tu l'as toujours été, a-t-il répondu en bon mari. Mais depuis un an, tous les foies que tu me donnes sont parfaits. Genre, littéralement, incroyablement, visiblement parfaits. Qu'est-ce qui a changé?"

Elle a réfléchi, et la seule chose qui avait changé ces derniers mois, c'est qu'elle méditait régulièrement avant chaque opération. En partie dans l'espoir d'améliorer ses relations avec les autres au bloc opératoire, et peut-être aussi pour améliorer sa relation avec elle-même. Du coup, elle avait appris non seulement à calmer ses émotions et à choisir ses mots plus intentionnellement face au chaos, mais aussi à ralentir son esprit, à calmer ses mains, et à respirer à travers les difficultés. Des compétences qui pourraient tous nous servir, qu'on tienne un scalpel ou pas.

La méditation lui a appris à exister dans le moment présent, sans laisser les erreurs du passé ou les soucis de l'avenir s'immiscer. La forme de méditation qu'elle pratiquait l'amenait aussi à porter une attention bienveillante à tous les sons, les sensations, les pensées et les sentiments qui surgissaient dans le moment. Elle les accueillait tous avec douceur, même les voix de l'auto-évaluation négative et de l'inquiétude, qui se sont progressivement calmées. Cette capacité à porter une attention bienveillante à la tâche à accomplir – et à rien d'autre – s'est traduite par des améliorations notables et mesurables de la santé et de la sécurité de ses patients, et par une performance qu'elle n'avait jamais atteinte auparavant.

En d'autres termes, oui, quelque chose avait bel et bien changé.

Muscler son esprit

Comme cette chirurgienne et comme Shauna, moi aussi, j'ai du mal avec l'auto-compassion, avec l'acceptation. J'ai toujours l'impression de ne pas mériter les éloges ou le succès. J'ai toujours besoin de prouver aux autres, au monde entier, que j'ai ma place. Malgré mes années de travail dans ce domaine, j'ai encore du mal à m'accepter.

Des amis et collègues aux Pays-Bas ont développé et testé une approche de santé publique pour promouvoir la santé mentale. Le programme est basé sur la thérapie d'acceptation et d'engagement (ACT), dont le but est d'accroître la flexibilité mentale. Cette flexibilité est une compétence qui comprend deux processus interdépendants: (1) l'acceptation des expériences négatives et (2) le choix de la façon de réagir en fonction de ses valeurs ou de ses principes.

Une personne mentalement flexible est prête à rester en contact avec des expériences personnelles négatives et indésirables, plutôt que de les éviter. Vous vous souvenez de ma voisine dans l'avion, face à l'arrivée d'un bébé dans sa rangée? La plupart d'entre nous essaient de contrôler ou d'éviter ces expériences indésirables. Au lieu de réagir émotionnellement aux expériences négatives, le programme ACT nous encourage à faire consciemment des choix face à ces expériences, en fonction de nos valeurs et de nos objectifs pour créer une belle vie. Un esprit flexible réfléchit à toutes les façons dont le bébé assis à côté de vous dans ce long vol pourrait être amusant. Ou, si ce n'est pas le cas, ça pourrait être une occasion de grandir, de faire preuve de générosité, d'apprendre, de pratiquer la pleine conscience, d'être présent et sans jugement.

Voici un exemple: vous arrivez à la fin d'un trimestre de travail très difficile. Vous devez remettre un gros rapport à vos supérieurs, basé sur des résultats que vous avez collectés pendant des mois. Un groupe de collègues a travaillé sur le projet avec vous, et vous êtes en train de mettre la dernière touche au rapport. À quelques jours de la date limite, le chef de votre chef change la structure du rapport. Les résultats restent les mêmes, mais tout le rapport doit être réécrit pour s'adapter au nouveau format. Bref, vous avez quelques jours horribles devant vous.

La plupart d'entre nous crieraient ou pleureraient, ou probablement les deux. Puis, on appellerait un ami ou un collègue compatissant pour se plaindre et râler. C'est tout à fait compréhensible. Mais qu'est-ce que vous feriez ensuite?

Réaction inflexible: refuser. Aller voir votre chef et lui dire que c'est impossible, qu'il est trop tard, qu'il n'y a pas le temps de répondre aux nouvelles exigences qu'elle vous a données.

Réaction flexible: convoquer une réunion avec vos collègues. Laisser tout le monde exprimer sa frustration. Puis, une fois que l'air est purifié, commencer à élaborer un nouveau plan d'attaque collectivement. Une personne s'occupe de cette partie de la révision, la suivante réécrit la suivante, la troisième rassemble les chiffres encore nécessaires, et ainsi de suite. Vous êtes toujours furieux et toujours épuisé, mais vous choisissez l'acceptation plutôt que l'évitement. Vous acceptez ce qui a changé, et vous travaillez avec vos collègues pour résoudre le problème.

La même réaction flexible ou inflexible peut être appliquée dans d'innombrables situations, des plus graves aux plus bêtes. Le mariage d'un ami commun où votre ex-mari insiste pour venir avec sa nouvelle copine. Un week-end de ski avec vos potes, mais ils choisissent une montagne que vos compétences sportives médiocres ne vous permettent pas de dévaler. Votre club de lecture choisit un auteur que vous n'aimez pas, et la réunion se déroule chez une personne qui a été désagréable avec vous dans le passé. Votre café préféré arrête d'accepter les cartes de crédit et n'accepte que l'argent liquide. Votre partenaire de bridge de longue date vous ghoste, et vous découvrez qu'il joue avec un nouveau partenaire en secret.

Dans le programme ACT que mes collègues néerlandais ont mis au point, les participants sont encouragés à découvrir leurs valeurs dans de multiples domaines de la vie, et on leur apprend à réagir à la négativité et à l'adversité en se basant sur leurs propres engagements et valeurs profondes. Le cours leur apprend aussi à être ouverts et sans jugement envers les expériences personnelles. Le but est qu'ils apprennent à choisir systématiquement des réponses efficaces dans toutes les situations, mais surtout dans les situations difficiles, afin de construire des répertoires de comportements flexibles et axés sur les valeurs.

L'idée générale rappelle en fait la stratégie bouddhiste pour mieux vivre: le noble sentier octuple bouddhiste. L'adversité et la négativité sont naturelles – la souffrance existe! – mais on peut vivre d'une manière qui atténue les problèmes causés par l'évitement ou la répression des expériences négatives. On doit apprendre à réagir à l'adversité et aux émotions négatives en se basant sur nos valeurs personnelles.

Dans deux essais expérimentaux, dont un comprenait un entraînement à la pleine conscience, mes collègues ont constaté que le programme entraînait des effets modérés à importants pour favoriser l'épanouissement. Ils ont aussi pu tester si le programme améliorait la flexibilité mentale, et si cette amélioration de la flexibilité mentale était la raison de l'augmentation de l'épanouissement. Dans les deux études, la flexibilité mentale expliquait comment le programme améliorait l'épanouissement. J'étais ravi d'apprendre que les effets du programme se maintenaient trois mois plus tard.

Plan d'action: soyez flexible. Engagez-vous envers vos valeurs. Choisissez l'acceptation. Pour s'épanouir, on doit entraîner notre esprit à se concentrer sur ce qui compte, à faire des choix conscients sur la meilleure façon de réagir aux épreuves de la vie, à trouver un meilleur équilibre entre la priorité de se sentir bien et celle de bien fonctionner, et à être compatissant, envers les autres et envers nous-mêmes.

Parfois, quand je suis pris dans un cycle de rumination où je repasse sans cesse les mêmes pensées négatives sur quelque chose que j'ai fait – ou que quelqu'un d'autre a fait – je me dis à voix haute d'arrêter. Parfois, je tends même la main en signe physique: "Stop! Ça suffit!". Puis, je remplace la pensée – ou j'essaie – par autre chose.

Si vous êtes en colère contre vous-même parce que vous avez rompu votre engagement de ne plus manger de sucre, ou parce que vous n'avez pas terminé une tâche professionnelle à la date limite, laissez-vous ressentir l'inquiétude et la colère. Prenez un peu de temps pour laisser passer, votre culpabilité, votre honte ou votre rage, puis appuyez sur "stop". Concentrez-vous plutôt sur ce que vous pouvez contrôler – ce que vous ferez demain – les légumes que vous mangerez, l'avance que vous prendrez sur le projet de groupe à rendre le mois prochain – pas sur les choses de votre passé que vous ne pouvez plus contrôler. Acceptez vos échecs. Pardonnez-vous. Pratiquez la compassion envers vous-même, avant tout.

Rapprochez-vous du divin qui est en vous.

Qu'est-ce que les pratiques spirituelles comme la méditation ont en commun avec les systèmes de croyances religieuses et les rituels comme la prière? Les religions saines fournissent des histoires et des pratiques qui réduisent notre ego et son égocentrisme, et les remplacent par le contraire: la gentillesse, la générosité, l'acceptation, etc. Elles répondent à des questions importantes sur le monde. Elles nous apprennent quoi faire de notre douleur et de notre souffrance, et nous rappellent comment vivre d'une manière qui compte pour les autres et pour l'univers. Vous n'êtes peut-être pas d'accord avec les réponses données par les différents systèmes de croyances, mais ces réponses ont été un baume pour les esprits qui se posent des questions tout au long de l'histoire de l'humanité. Si vous êtes une personne religieuse, vous avez probablement constaté que le culte du dieu ou des dieux auxquels vous croyez apporte un sens profond à votre vie.

Quand on utilise le mot "sens", on fait généralement référence au sentiment que les gens ont que leur vie a de la valeur ou de l'importance. Étude après étude, on arrive à la conclusion qu'il existe un lien incontestable entre la croyance religieuse et le fait d'avoir un sens à sa vie.

Je pense souvent à une étude que j'ai lue récemment, qui comparait les niveaux de religiosité dans les pays riches et les pays pauvres. Les chercheurs étaient des scientifiques, pas des rabbins, des imams, des moines ou des prêtres. Les conclusions auxquelles ils sont parvenus sont d'autant plus surprenantes. L'étude a révélé que la satisfaction de la vie était plus élevée dans les pays riches que dans les pays pauvres, tandis que le sens de la vie était plus élevé dans les pays pauvres que dans les pays riches.

Je souligne la différence, parce que je veux insister dessus. Pourquoi la satisfaction serait-elle plus élevée, mais le sens plus faible pour les habitants des pays riches? Et plus déroutant encore, pourquoi les habitants des pays pauvres trouveraient-ils systématiquement plus de sens à leur vie? Je soupçonne que lorsque les personnes interrogées ont défini la "satisfaction de la vie", elles l'ont interprétée comme "Ai-je accès aux marqueurs de succès que je juge nécessaires pour survivre et prospérer?". Mais si elles évaluent aussi leur niveau de "sens" comme étant inférieur à celui des habitants des pays plus pauvres, sont-elles vraiment plus satisfaites de leur vie, au vrai sens du terme? Je suppose que non. La perte ou l'absence de sens dans la vie signifie que le vrai bien-être – pas les marqueurs de succès ou d'accomplissement, mais le sentiment d'une vie bien vécue, le bien-être tel que je pourrais l'appeler – n'est probablement pas présent.

Dans cette étude, les chercheurs ont constaté qu'un manque de sens était dû, au moins en partie, à une déconnexion de la religion. Selon leurs données, ils ont pu constater que plus le PIB d'un pays augmente, moins ses citoyens affirment que la religion est une partie importante de leur vie quotidienne. Le sens de la vie était plus élevé dans les pays pauvres parce que les gens de ces pays considèrent la religion comme importante dans leur vie quotidienne. Il semble que la réussite économique érode la religiosité, et que la perte de la religion dans la vie quotidienne diminue le sens de la vie. Les lecteurs de ce livre ne seront peut-être pas surpris d'apprendre que leurs données ont montré que le déclin d'une vie significative augmente le risque de suicide.

D'autres études sont parvenues à la même conclusion, l'une d'elles indiquant que "la religiosité peut favoriser un sentiment d'importance, de signification ou d'importance – soit pour les autres (importance sociale), soit dans le grand schéma de l'univers (importance cosmique) – qui, à son tour, soutient le sens perçu". J'ai trouvé intéressant que la même étude ait révélé que l'importance sociale, dont j'ai longuement parlé dans le chapitre précédent, était importante, mais que l'importance cosmique était le véritable facteur déterminant en termes de lien entre la religiosité et le sens perçu.

Une étude à laquelle je participe depuis le début de ma carrière, la "National Survey of Midlife Development" aux États-Unis, a examiné en partie l'importance de la religion dans les foyers des participants pendant leur enfance. Les chercheurs voulaient déterminer s'il existait un lien entre le niveau et la cohérence de l'importance religieuse pendant l'enfance et l'âge adulte, et si cette adhésion à la religion était essentielle à l'épanouissement à l'âge adulte. Les résultats ont montré que seule une forte religiosité, c'est-à-dire une religion très importante, était prédictive de l'épanouissement. Si la religion était plus ou moins importante, elle n'était pas liée à l'épanouissement à l'âge adulte.

La cohérence comptait aussi. Lorsque la religion avait été très importante pendant l'enfance et qu'elle le restait à l'âge adulte, les participants étaient beaucoup plus susceptibles de s'épanouir. Cependant, un autre groupe d'adultes était presque plus susceptible de s'épanouir si la religion était devenue très importante pour eux au fil du temps, même si elle n'avait pas été importante dans leur vie lorsqu'ils étaient enfants.

Ma conclusion? Il faut être "à fond" pour que la religion contribue à l'épanouissement. Croire en la croyance – si vous choisissez cette voie – est essentiel à l'épanouissement.

Les langages de l'esprit et de la spiritualité

On naît avec le potentiel de devenir gentil, généreux, acceptant, conscient de soi et socialement conscient. Sa Sainteté le quatorzième Dalaï Lama dit souvent que chaque personne sur cette planète est un Bouddha, a la nature de Bouddha et est capable de devenir comme Bouddha. Le hic, c'est qu'il faut pratiquer, pratiquer, et encore pratiquer. Les pratiques et activités spirituelles et religieuses sont de l'exercice. On ne naît pas avec des muscles moraux et éthiques déjà développés – ils ont besoin d'entraînement pour devenir plus gros et plus forts.

La pratique de la spiritualité peut prendre d'autres formes que la méditation ou le culte. Les pratiques culturelles peuvent aussi être une forme de spiritualité. Le langage est considéré comme l'un des symboles les plus concrets d'une culture. Il décrit les choses visibles et invisibles, le monde matériel et le monde spirituel. Il maintient le passé et le relie au présent et au futur – tout comme la pratique de la spiritualité.

On parle d'extinction des espèces, mais on étend rarement le concept à l'extinction des langues, même si l'extinction des langues indigènes ou aborigènes se produit à un rythme alarmant. L'"Indigenous Language Institute" estime qu'à peine la moitié des plus de trois cents langues indigènes autrefois parlées aux États-Unis sont encore vivantes aujourd'hui. Au rythme actuel de la perte de langues, seules vingt seront encore parlées en 2050.

Une culture peut mourir lorsque sa langue meurt. La langue est le souffle et le rythme cardiaque qui maintiennent les cultures en vie. La mort des langues maternelles chez les peuples indigènes représente une menace pour la santé et le bien-être de ces peuples, en particulier de ses jeunes. Des chercheurs canadiens ont introduit un concept de continuité culturelle dans les cultures des Premières Nations, dont la perte a été fortement liée aux taux de suicide au sein de communautés spécifiques. Dans leurs recherches, ils ont découvert que les taux de décrochage scolaire et de suicide chez les jeunes augmentaient et dépassaient largement les moyennes nationales au Canada à mesure que le nombre de marqueurs de continuité culturelle diminuait.

Ils ont aussi constaté que les communautés des Premières Nations dans lesquelles plus de la moitié des membres avaient une connaissance conversationnelle ou meilleure de leur langue aborigène avaient très peu ou pas de suicides chez les jeunes. Là où moins de la moitié des membres avaient une connaissance conversationnelle de leur langue aborigène, les taux de suicide chez les jeunes étaient six fois plus élevés.

Qu'est-ce qui rend les langues indigènes des Premières Nations si puissantes, si propices au maintien de la vie?

Dans de nombreuses cultures des Premières Nations et amérindiennes, la spiritualité est au centre de la vision de la santé et du bien-être, aux côtés de la santé mentale, émotionnelle et physique. La langue permet aux peuples indigènes de continuer à s'engager dans les traditions, les rituels et les cérémonies spirituelles. Grâce à leur langue maternelle et à leur spiritualité, les peuples indigènes respectent, honorent et supplient la nature – ses éléments, ses saisons et ses habitants, et le cycle de la vie – et maintiennent le contact avec les ancêtres qui sont morts et n'existent que dans le monde des esprits. Le sentiment de continuité, du passé au présent en passant par l'avenir et au-delà, est un baume pour les stress et les angoisses de la vie moderne. Peut-être que la connaissance que l'on peut tisser des liens au fil du temps, à travers l'histoire, avec des êtres chers passés et présents, crée un niveau de foi que l'on existe pour une raison, pour relier le passé et l'avenir par notre présence vitale et nécessaire.

Pour moi, c'est un bel exemple du genre de révérence pour le mystère auquel on devrait aspirer. Quand on perd quelqu'un de proche, on le pleure pour toujours, d'une manière ou d'une autre. La continuité culturelle, dans ce cas créée par les langues indigènes, et la croyance en quelque chose de plus grand, nous permettent de garder nos ancêtres avec nous pour toujours. On n'a pas besoin de savoir où ils sont pour savoir qu'ils sont toujours avec nous.

Quand la croyance s'affaiblit.

Quand j'ai arrêté de m'appuyer sur mon approche de la vie, autrefois profondément spirituelle, il y a environ huit ans, la colère, le ressentiment et une soif d'excuses ont repris le dessus sur ma vie. Ma femme et moi avons déménagé dans une maison plus petite, de plain-pied, pour vieillir sur place. J'ai quitté mon studio de yoga bien-aimé, où je pratiquais le yoga depuis vingt ans, et j'ai soudainement perdu ma communauté spirituelle. Au lieu d'essayer de remplacer cette perte, j'ai arrêté de faire du yoga. Assez vite, je me suis senti de moins en moins apprécié au travail. J'ai voyagé dans le monde entier pour donner des conférences sur invitation et j'ai eu des milliers de citations – la monnaie des intellectuels. Pourtant, mon université ne m'a accordé qu'une chaire dotée temporaire de trois ans. Je me suis senti maudit par de faibles éloges. Je suis devenu égocentrique.

Au fur et à mesure que mon ego grandissait, ma vie spirituelle se rétrécissait. Ce changement se produit progressivement. On ne se rend pas compte qu'on est en train de chuter sur les dimensions de la divinité jusqu'à ce qu'il soit presque trop tard. Ça a repoussé ma capacité à vivre, à être gentil, à donner plutôt qu'à chercher le pardon. Notre esprit peut nous guider, mais il peut aussi être guidé. Nos pensées et notre attention peuvent être accaparées par des forces qui sont plus puissantes que d'autres.

On

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